Projet de thèse en Archéologie
Sous la direction de Philippe Husi et de Christophe Bressac.
Thèses en préparation à Tours , dans le cadre de Humanités et Langues - H&L , en partenariat avec CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés (laboratoire) et de LAT - Laboratoire Archéologie et Territoires (equipe de recherche) depuis le 04-10-2021 .
Au cours des siècles, les environnements techniques et les pratiques agropastorales traditionnelles des fermes et des villae ont modelé les paysages qui nous entourent et ont favorisé localement le développement d'une faune et d'une flore diversifiées. En archéologie, la fouille des puits révèle de précieux milieux humides, parfaits conservateurs des matériaux périssables, qui permettent de générer des études transversales et des bases de données très documentées. Les vestiges bioarchéologiques qui en sont issus sont en effet susceptibles d'éclairer d'une nouvelle manière le fonctionnement des sites et le comportement socioéconomique des communautés sur lesquelles les recherches sont prescrites et les avancées scientifiques attendues. Parmi les différents restes d'animaux issus des puits, les assemblages d'insectes associés aux sédiments présentent la première caractéristique de demeurer en très bon état, car les conditions de conservation y sont optimales. L'intérêt d'étudier les vestiges d'insectes concerne directement la façon dont s'est constitué le corpus. En effet, aucun insecte ne pouvant survivre durablement dans le puits lui-même, il s'agit pour partie, d'insectes peuplant l'environnement immédiat aux abords du puits et qui sont tombés accidentellement lors de leurs déplacements au sol ou au vol. De par leur diversité spécifique et leurs exigences écologiques, les insectes sont ainsi indirectement des révélateurs de la nature de l'environnement biotique et abiotique autour du site. D'autre part, les espèces liées aux services écosystémiques et les synanthropes sont inféodés aux anthroposystèmes au cœur des espaces, des exploitations et des différentes activités humaines. Attirés par les ressources alimentaires, les excréments, les déchets, en décomposition, l'obscurité et l'humidité, ils informent sur la nature des milieux exploités, les plantes cultivées, le stockage des aliments, la proximité des élevages et les co-produits utilisés (déjections) et des lieux d'habitation ou encore la nature des rejets des pièces de bois d'œuvre. Ainsi, les insectes préservés dans le puits seront utilisés comme un révélateur de tout un système agro-pastoral, en même temps qu'ils informeront localement sur l'évolution des aménagements autour des puits et de leurs aspects fonctionnels. En étudiants différents assemblages d'insectes issus de plusieurs sites de la période gauloise et de l'Antiquité, ils permettront de mettre en évidence les différences d'exploitation des milieux et des animaux d'élevage de La Tène finale à la fin de l'Antiquité. Les bornes chronologiques seront susceptibles d'évoluer un peu en fonction de l'enrichissement du corpus de sites déjà envisagé. Les analyses archéoentomologiques se feront à partir du matériel déjà disponible extrait selon les protocoles adaptés, et issu de différents puits dont la stratigraphie a permis la conservation des vestiges. Les identifications réalisées par des méthodes taxonomiques (avec des collections de comparaison) et moléculaires (ADN) permettront de connaitre la constitution des assemblages et d'obtenir des indications aussi bien sur le milieu, le bétail, que les pratiques humaines. Ces données seront ensuite soumises à des traitements statistiques multi-proxies et multivariées qui intègreront l'ensemble des données bioarchéologiques disponibles (palynologie, carpologie, anthracologie, archéozoologie) afin de rechercher l'existence ou l'absence de corrélations. En parallèle, cela permettra d'affiner notre compréhension sur la manière dont les insectes nous informent sur l'organisation des pratiques agropastorales autour des puits. Afin d'éclairer l'évolution récente des populations d'invertébrés en relation avec les activités et pratiques des sociétés humaines, des protocoles expérimentaux de comparaison seront réalisés avec des agrosystèmes actuels pour documenter les impacts des pratiques anciennes sur la biodiversité entomologique et ainsi contribuer à une meilleure compréhension de la valorisation des déchets agricoles et alimentaires contemporains. Ces recherches s'appuient également sur de multiples collaborations avec les acteurs locaux agricoles et de l'archéologie dont la Cellule d'intervention sur les structures archéologiques profondes de l'INRAP (Institut Nationale de Recherches Archéologiques Préventives). En considération de l'aspect pluridisciplinaire et de l'importance de ce sujet, cette thèse s'appuiera sur les larges compétences scientifiques des deux laboratoires. Elle s'inscrit en collaboration de l'axe 3 «;Pratiques sociales et aires culturelles;» du programme du Laboratoire Archéologie et Territoires (LAT) de l'UMR 7324 CITERES mais également dans l'axe transversal «;Stratégies alimentaires et sanitaires pour demain;» de l'Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte (IRBI UMR 7261).
Archaeological insects from old wells (pits): bio-indicators of agro-pastoral resource management from the Final Tène to the end of Antiquity.
Over the centuries, the technical environments and traditional agropastoral practices of the farms and villae have shaped the surrounding landscapes and favoured the development of a specificlocal fauna and flora. In archaeology, pits excavations constitutes perfect preservers of perishable materials, which make it possible to generate collections and highly documented databases. Bioarchaeological remains obtained from those pits allow a new understanding of the functioning of the sites and the socio-economic behaviour of the communities. This constitutes a prescription of research promising scientific advances. The bioarchaeological remains that areobtained from pits allow a new understanding of the functioning of the sites and the socio-economic behaviour of the investigated communitiesat a scientific level. Among the various animal remains from the pits, the insect assemblages associated with the sediments have the primary characteristic of remaining in very good preservation, as the conservation conditions are optimal. Studying insect remains depends on the way the corpus was constituted. Since no insects can survive in the well itself, some of them were living in the immediate environment around the well and have fallen accidentally during their movements on the ground or in flight. Through their specific diversity and their ecological requirements, insects do indirectly reveal the nature of the biotic and abiotic environments around the site. On the other hand, species linked to ecosystem services and synanthropes are dependent on anthroposystems at the levels of spaces, farms and the various human activities. Attracted by food resources, manures, waste, decomposition, darkness and humidity, they provide information on the nature of the environments exploited, the plants cultivated, the storage of foodstuffs, the proximity of livestock farms and the co-products used (feces) and living quarters. Moreover, insects may reveal some nature of the use ofwoods. In this way, insects preserved in the well will be used as indicators of an whole agro-pastoral system, while at the same time providing local information on the evolution of the developments around the wells and their functionalities. By studying different insect assemblages from several sites from the Gallic period and from Antiquity, they will highlight the differences in the exploitation of the environment and of livestock from the Final La Tène to the end of Antiquity. The chronological boundaries are likely to change slightly as the corpus of sites is enriched. The archaeoentomological analyses will be carried out on the basis of the material already available, extracted according to the appropriate protocols, and coming from different pits whose stratigraphy has allowed the preservation of the remains. The identifications carried out by taxonomic methods (with comparison collections) and molecular methods (DNA) will allow to know the constitution of the assemblages and obtain indications on the environment, the livestock, as well as the human practices. These data will then be subjected to multi-proxy and multivariate statistical processing that will integrate all available bioarchaeological data (palynology, carpology, anthracology, archaeozoology) in order to search for the existence or absence of correlations. At the same time, this will enable to refine understandings of the way insects inform about the organisation of agropastoral practices around the wells. In order to enlight recent evolution of invertebrate populations in relation with human societies activities and practices , experimental comparison protocols will be carried out with current agrosystems to document the impacts of past practices on entomological biodiversity and thus contribute to a better understanding of the valorisation of contemporary agricultural and food waste management. This research is also based on multiple collaborations with local agricultural and archaeological actors, including the INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) intervention unit for deep archaeological structures. In consideration of the multidisciplinary aspect and the importance of this subject, this thesis will be based on the large competences of the two laboratories. It is part of the collaboration of the axis 3 'Social practices and cultural areas' of the programme of the Laboratoire Archéologie et Territoires (LAT) of the UMR 7324 CITERES but also in the transversal axis 'Food and health strategies for tomorrow' of the Institut de Recherche sur la Biologie de l'Insecte (IRBI UMR 7261).