Le phénomène de distanciation sociale (soi vs. autrui) et la prise de décision en contexte moral
Auteur / Autrice : | Aurore Gaboriaud |
Direction : | Jean-Charles Quinton, Annique Smeding |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | PCN - Sciences cognitives, psychologie et neurocognition |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2021 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire interuniversitaire de Psychologie/Personnalité, Cognition, Changement social |
Equipe de recherche : Axe Cognition sociale |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Dans le cadre de la prise de décision en contexte de moralité, plusieurs facteurs ont été montrés comme ayant une influence prépondérante sur la décision finale (e.g., Cushman, 2008 ; Leloup et al., 2018). La prise en compte des états mentaux internes de la personne exécutant l'acte (i.e., son intention) ainsi que sa responsabilité causale dans les conséquences engendrées sont deux des facteurs centraux propres à la moralité (Cushman, 2008 ; Sarin et al., 2017). Or, il est également montré que dans un contexte de prise de décision non spécifiquement moral-, les individus ne jugent pas une situation de la même manière selon qu'ils sont ou non directement impliqués dans le problème (implication du soi vs. implication d'autrui) (Hirshfeld-Kroen et al., 2021 ; Pronin, 2008). En particulier, il existe un biais de positivité envers soi, c'est-à-dire une tendance à s'attribuer de façon interne et stable les événements positifs et de façon externe et contingente les événements négatifs (Mezulis et al., 2004). Il s'agit donc ici de développer un modèle d'attribution causale, dans le champ de la moralité, différencié selon la distanciation du problème à résoudre avec le soi (proche vs. distant). Autrement dit, l'effet robuste du biais de positivité envers soi (vs. autrui) ou de favoritisme intra-groupe est-il également valable dans un contexte de moralité en sachant que certains résultats en contexte moral montrent plutôt un biais de négativité envers le soi (vs. autrui) (Hirshfeld-Kroen et al., 2021) ? Nous chercherons également à déterminer si ce biais est sensible aux déclinaisons possibles de la distinction soi vs. autrui dans le champ moral. En effet, le concept de distance psychologique dans sa dimension sociale (i.e., soi vs. autrui, cf. Liberman et al., 2007) peut être pensé comme un continuum, impliquant un plus ou moins fort degré d'inclusion dans le soi selon la position sur ce continuum (e.g., conflit moral impliquant soi-même et un ami vs. impliquant uniquement deux inconnus). Ainsi, l'objectif de ce projet est double : d'une part, vérifier si l'effet du biais de positivité envers soi est applicable à un contexte moral, d'autre part, dans le cas où un tel biais serait observé, quel rôle joue la distance psychologique entre soi et autrui selon le positionnement sur le continuum évoqué ci-dessus ? Pour ce faire, nous utiliserons une méthodologie innovante dans le champ de la moralité, le mouse-tracking, qui permet l'acquisition de données plus riches et en particulier le décours temporel de la décision - que la seule décision finale (Freeman & Ambady, 2011). En outre, les études liées à cette problématique seront réalisées en accord avec les nouvelles pratiques de recherche, dont notamment l'établissement d'un pré-enregistrement et d'une analyse de puissance menée a priori pour chaque nouvelle étude. Enfin, les analyses seront réalisées dès lors que cela sera approprié au travers de modèles mixtes, permettant de tester finement les variabilités inter-participants et inter-stimuli, toutes deux généralement fortes dans les études liées à la moralité des individus. L'étude de cette problématique de recherche prend d'autant plus de sens dans le contexte actuel où la distanciation physique et sociale liée aux mesures sanitaires anti-covid-19 peut impacter nos décisions quant à ce qui est acceptable ou non, prioritaire ou non, et pour qui.