Thèse en cours

Le droit administratif de l'ennemi

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Auteur / Autrice : Tatiana Roux
Direction : Alexandre Ciaudo
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit public
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2021
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit, Gestion, Economie et Politique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches Juridiques de l'Université de Franche-Comté
établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)

Résumé

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La lutte contre le terrorisme tient une part prégnante de l'actualité factuelle et juridique. Il est aujourd'hui indispensable de prendre du recul sur cet ensemble juridique, qui se développe depuis les années 1980 et qui tend à devenir, au fil de l'adoption de normes nouvelles, un droit à part entière ciblant une catégorie de population bien précise et mobilisant un traitement juridique différencié. Les textes français consacrés à la lutte contre le terrorisme laissent ainsi entrevoir l'existence d'un « droit administratif de l'ennemi » qui semble avoir pris racine depuis 2012. L'expression, dérivée de la théorie du « droit pénal de l'ennemi », présente un aspect dérangeant, presque contradictoire tant les deux termes s'inscrivent chacun, à première vue, dans une réalité temporelle différente. Tandis que le droit administratif évoque le temps légal “normal”, le droit commun, quotidien de l'administration dans sa relation avec les usagers du service public, le concept d'ennemi revêt quant à lui une dimension conflictuelle, voire guerrière, entre deux camps. Si la dialectique hégélienne permet de percevoir l'ennemi comme un concept, il n'en va pas de même pour le terrorisme qui, ne faisant toujours pas l'objet d'une définition uniforme, reste encore au stade de notion. L'essence de l'ennemi réside ainsi dans son opposition fondamentale à la communauté, à laquelle il n'appartient pas ou plus, et qui le perçoit comme tel en raison de sa dangerosité à la fois intrinsèque (son existence même suppose un péril pour la conservation de la nation), et extrinsèque (matérialisations concrètes, potentiellement graves, au soutien de son opposition). La mobilisation du concept d'ennemi justifie de neutraliser l'individu ou le groupe qui en revêt les attributs, avec l'aide de tous moyens disponibles permettant de l'éloigner de la communauté. Dès lors, si le terrorisme n'a pas encore atteint son stade de rationalité parfaite, c'est sans doute parce que la construction de la notion de terrorisme en droit français est plutôt guidée par le concept d'ennemi universel. Dès lors, d'une part, le droit administratif tente d'appréhender le terrorisme et, au prisme du concept d'ennemi, d'en dégager une notion afin de lui imputer un régime juridique adapté. D'autre part, il apparaît que le droit administratif intègre toute la complexité de l'ennemi pour mieux l'affronter : est alors mobilisé un régime juridique spécial, dérogatoire, voire d'exception qui tend à neutraliser le danger qu'il représente. La dichotomie systématique entre liberté et sécurité, bien que compréhensible eu égard à la violence terroriste, montre cependant ses limites dans le cadre d'un Etat de droit où "la liberté est la règle, la restriction de police, l'exception".