Écritures du maître et du disciple chez Proust et Borges
Auteur / Autrice : | Clara Berdot |
Direction : | Vincent Ferre, Magdalena Cámpora |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Langue et Littérature Françaises |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Cultures et Sociétés |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil) |
Résumé
Ce travail a pour objet l'étude de figures de maîtres et de disciples dans les littératures française et argentine du XXe siècle à travers l'uvre de Marcel Proust et celle de Jorge Luis Borges. Cette recherche part de l'hypothèse que la réflexion sur ces figures, dans la fiction comme dans la réception des uvres et des auteurs, peut mettre en lumière une reconfiguration de l'autorité et de l'auctorialité qui est indissociable d'une mutation de la conception du savoir et du sujet au cours du siècle dernier. Intituler ce projet « Écritures du maître et du disciple chez Proust et Borges », au pluriel, montre qu'il s'agit d'embrasser à la fois le plan textuel (représentation, description et mise en scène des maîtres et des disciples dans la fiction) et le plan méta-textuel. Le pluriel tient également compte des métamorphoses, dans l'écriture, des rapports entre plusieurs couples qui se font écho sans se confondre : maître/disciple, écrivain/lecteur (« écrivain » entendu comme individu réel écrivant des uvres littéraires) et auteur/lecteur (« auteur » entendu comme instance primaire de production et d'énonciation du texte). Un premier axe explore les nuances de la palette magistro-discipulaire au sein des fictions de Proust et de Borges : différents modèles défilent en effet dans leurs pages, tant chez les personnages que chez les narrateurs. Les scènes et les portraits permis par le surgissement dans la diégèse de ces figures donnent à voir non seulement différents rapports didactiques propres à la dialectique maître-disciple et la complexité des liens existant entre savoir et pouvoir, mais aussi des perspectives épistémocritiques faisant des maîtres et des disciples les représentants fictionnels d'une véritable économie du savoir à l'uvre dans le dispositif textuel. Un deuxième axe tient compte de la portée métatextuelle de la relation du maître et du disciple, ce qui permet de soulever des questions relatives aux mécanismes de la fiction, au rôle des lecteurs et au pacte de lecture proposé (ou supposé) par un texte littéraire. L'analogie entre les couples narrateur/lecteur et maître/disciple doit être explorée : le jeu, les variations, que Proust et Borges proposent autour de ces figures semblent étroitement liés aux métamorphoses de la conception et de la pratique de la fiction narrative et de la lecture. Un troisième axe s'intéresse à la place des maîtres dans le champ littéraire et social ; ce qui passe entre autres, dans la production de Proust et de Borges, par la présence d'une réflexion théorique sur la littérature, par la constitution d'un imaginaire et par une redéfinition des genres littéraires. Du point de vue de la réception, leur statut de « maîtres-écrivains » est corrélé à leur intégration progressive, au fil du XXe siècle, dans un canon littéraire, malgré leur reconnaissance relativement tardive et les polémiques qu'ils ont tous deux suscitées.