Thèse en cours

Platon et ses esclaves

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Auteur / Autrice : Léo Boiteux
Direction : Arnaud MacÉAntonio Gonzales
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2021
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Logiques de l'Agir
établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)

Mots clés

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Résumé

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Que peut-on gagner à prendre conjointement pour objet l'œuvre de l'un des auteurs les plus connus de l'Antiquité et la question de l'invisible main d'œuvre servile ? Un premier enjeu est tout simplement de mettre à niveau les études platoniciennes, qui progressent à chaque fois que la société grecque est mieux connue. Or l'historiographie de l'esclavage antique de ces vingt dernières années a insisté sur la multiplicité des rôles, statuts, et positions sociales des esclaves, loin de l'image réductrice que résume le couple maître/esclave. Plus particulièrement, c'est le concept de l'agentivité des esclaves qui a pris beaucoup d'importance, à savoir que même captifs de leur condition servile, les esclaves gardent une faculté d'agir et d'influencer leur condition propre et plus généralement la société – ce que les écrivains antiques, qui étaient des maîtres, ont le plus souvent passé sous silence, mais que l'on peut parfois retrouver entre les lignes. Qu'en est-il chez Platon ? De nombreuses figures d'esclaves circulent dans les dialogues platoniciens. Ces esclaves ne sont pas cachés, mais bien visibles ; ils parlent, agissent, et interviennent à des moments cruciaux. La philosophie et l'écriture platoniciennes ne peuvent donc se passer des esclaves. Comment a-t-on pu alors parler d'invisibles, quand ils étaient toujours déjà sous nos yeux ? Alléguer un manque d'attention serait manquer la complexité du problème. Car paradoxalement, c'est Platon lui-même qui contribue à dévaloriser les esclaves, et ce jusqu'à leur dissimulation. Entre mise en scène et tentative d'effacement, c'est donc une contradiction interne à la philosophie platonicienne qui laisse entrevoir un enjeu majeur d'interprétation. Ce n'est en effet pas un hasard si Platon, le premier à revendiquer le nom de philosophe, c'est-à-dire à porter la philosophie à la hauteur d'une institution, le fait d'une part à l'époque où l'esclavage devient lui-même une institution, et d'autre part en définissant la philosophie comme ce qui n'est pas servile. Qu'est-ce que la présence d'esclaves fait à la philosophie de Platon ? Et qu'est-ce que Platon fait des esclaves ? En scrutant la visibilité inattendue et jusqu'ici ignorée que Platon confère à ces invisibles, il s'agit ainsi de faire progresser la connaissance du corpus platonicien ainsi que du phénomène antique de l'esclavage, mais aussi la compréhension des rapports entre philosophie et esclavage comme institutions, dans leur liaison à la vie de la cité.