Prévoir le contingent ? Les sciences empiriques entre statistique et probabilité au XVIIIe siècle.
Auteur / Autrice : | Dinh-Vinh Colomban |
Direction : | Anne-Lise Rey |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Inscription en doctorat le 21/09/2021 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de recherches philosophiques (Nanterre ; 2015-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La connaissance a longtemps été cantonnée au nécessaire et au certain, excluant alors tout champ de réalité contingent de son domaine. Le XVIIe siècle voit cependant s'affirmer l'ambition inédite de prévoir le contingent grâce à l'émergence des méthodes probabilistes et statistiques. Le problème posé par cette dualité entre probabilité et statistique a souvent été négligé, soit en traçant deux histoires parallèles de ces deux approches, soit à l'inverse en les amalgamant de manière indifférenciée sous une seule et même méthode probabiliste. Or statistique et probabilité posent des divergences profondes à la fois au plan ontologique quant à la nature du réel (abstraction/empirique), au plan épistémologique quant aux modalités de la connaissance et leur fiabilité (déduction a priori/induction a posteriori), et au plan politique concernant des modélisations potentiellement normatives des comportements humains et sociaux (prescriptif et individuel/descriptif et populationnel). Ces problèmes qui se nouent autour de la dualité entre statistique et probabilité structurent une partie des projets épistémologiques qui émergent au cours d'un ''long XVIIIe siècle'', de Leibniz à Laplace, et ambitionnent de constituer en objet de savoir de champs inédits de la réalité empirique contingente. Ce projet de thèse cherche à dégager comment ces problèmes, qui structurent encore aujourd'hui certains débats contemporains, sont fondateurs dès l'origine et tout le long du développement des deux méthodes statistiques et probabilistes, et des efforts au cours du XVIIIe pour les mettre au service d'une connaissance de champs du réel caractérisés par leur contingence (biologique, humain, social). Ces tentatives et les difficultés qu'elles rencontrent engagent des reconfigurations conceptuelles dans la manière même de penser le réel et sa variation qui ouvrent sur des problèmes épistémologiques et politiques toujours actuels.