Thèse en cours

Sociologie des sanctuaires et des refuges antispécistes en France

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Auteur / Autrice : Phoebé Mendes
Direction : Alexandra Oeser
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sociologie
Date : Inscription en doctorat le 17/09/2021
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; Cachan, Val-de-Marne)

Mots clés

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Résumé

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Nos relations avec les animaux font l'objet de nombreuses controverses que l'on peut faire remonter à l'Antiquité. De fait, les relations humains/animaux, à l'instar de n'importe quelle autre forme de relations entre agents sociaux, impliquent des rapports de domination, ceux-ci pouvant varier selon les cultures et les époques. Mais ce sont les traitements différenciés que réservent les humains aux autres espèces (entre animaux dits « d'élevage » et de « compagnie » par exemple), qui font l'objet de nombreuses réflexions tant philosophiques que sociologiques. C'est, entre autres, à partir de ce constat qu'émerge l'antispécisme et plus largement la question de l'engagement en faveur des animaux chez certaines personnes. L'antispécisme est un courant de pensée qui se définit en opposition au spécisme, qui, lui, renvoie dans son acception restreinte ; à une discrimination morale en défaveur d'un animal et au profit d'un·e humain·e. Dans son acception plus large, il désigne ; la structure sociale qui organise les conditions matérielles de cette hiérarchisation entre les espèces, notamment par le biais des processus (d'infériorisation et de marchandisation des animaux et des produits issus de leurs corps), permettant ainsi la négation systémique et systématique de leurs intérêts à vivre. L'antispécisme récuse donc cette suprématie des humains en tant que groupe social sur les autres espèces sentientes, et a vocation à lutter contre toute forme d'exploitation et de maltraitance envers les animaux. Depuis quelques années se créent en France, et à l'international, des espaces où humains et non-humains vivent ensemble quotidiennement dans d'autres conditions que celles imposées par la relation d'exploitation des humains sur les animaux. Ces lieux reconnus comme « domaine d'exploitation » sur le plan administratif, c'est-à-dire comme élevage, ne pratiquent pourtant aucune activité marchande impliquant la vente de produits issus de l'exploitation animale ; ni leur chair, ni les productions issues de leurs corps ne sont considérées comme des marchandises. Ces lieux, plus généralement connu sous les appellations « sanctuaire » ou « refuge » renvoient à des espaces où des animaux sont recueillis soit de façon temporaire, soit de manière définitive. Il existe une cinquantaine de lieux comme ceux-ci sur le sol français, dont la majorité appartient au Réseau National des Refuges Animalistes (RNRA), une association créée en janvier 2022. Cette structure répertoriée par l'Insee comme appartenant au champ de « l'Économie Sociale et Solidaire » a recueilli environ 3 000 animaux. Cette thèse se propose donc de dresser une sociologie des acteurs en charge de sanctuaires et refuges, en interrogeant notamment leurs trajectoires sociales, leurs conditions matérielles d'existence et leurs rapports aux animaux. Mais aussi, en s'intéressant à leurs pratiques quotidiennes et aux règles dont ils et elles se dotent pour organiser la pérennité de ces lieux. Il s'agira également de comprendre les sanctuaires et les refuges comme des espaces de négociation du rapport social qui lie les humains aux animaux, puisque celui-ci ne s'exerce plus selon les modalités de l'exploitation des animaux par les humains, mais davantage sur des logiques de care. De fait, par leur présence dans ces lieux, ces animaux dits « de ferme » ou « de rente » initialement destinés à l'abattoir, ont vu leur place dans le processus de production modifiée. Désormais, ils et elles ne sont plus considéré·es comme des animaux dits de « consommation », mais plutôt comme des animaux dits de « compagnie », toutefois leur statut légal reste, lui, inchangé (illustration du « floue juridique » sur lequel est basé l'existence même de ces lieux).