Thèse en cours

Les agents de l'intérim. Sociographie d'un groupe professionnel invisible, acteur et objet de la fragilisation du salariat.

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Auteur / Autrice : Jeanne Maudoux
Direction : Jean-Luc Deshayes
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sociologie
Date : Inscription en doctorat le 20/09/2021
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de la Société : Territoires, Economie, Droit - SSTED
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés
Equipe de recherche : COST - Construction Sociale et politique des espaces, des normes et des Trajectoires

Mots clés

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Résumé

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La thèse portera sur le personnel permanent des entreprises de travail temporaire (ETT) : les employés administratifs et commerciaux des agences. Elle visera d'abord à appréhender la genèse et la constitution de ce groupe professionnel, ses normes, représentations et les rapports au travail et à l'emploi qu'il véhicule. Comparativement aux travailleurs intérimaires, peu de travaux ont été réalisés sur le personnel permanent des ETT. Ils jouent pourtant un rôle structurant sur le marché du travail : les permanents des agences sélectionnent les travailleurs et font l'intermédiaire pour leurs clients, les entreprises utilisatrices (EU) ; leur activité mêle commerce, recrutement, gestion, impératifs de rentabilité, d'efficacité, de rapidité et «d'empathie », avec le souci constant de l'image de l'entreprise. Ils sont aussi salariés de leur employeur. Comment les permanents gèrent-ils ces contradictions ? Comment mettent-ils à distance l'étiquette infâmante de « marchands d'hommes » (Caire, 1973) qui leur est volontiers apposée ? A travers l'analyse des trajectoires professionnelles, des pratiques et des discours des permanents d'ETT, la thèse se proposera ensuite de saisir comment ces professionnels façonnent (de par leurs actions, formations, professionnalisation, syndicat etc.) une partie des marchés de l'emploi et du travail. L'intérim a en effet joué de longue date un rôle de laboratoire des transformations sociales, historiques, économiques voire idéologiques du marché du travail en France. Pourtant, ce secteur est aujourd'hui soumis à la concurrence d'entreprises nouvelles, qui s'inspirent du modèle Uber pour mettre en relation, via une interface, des entreprises demandeuses et des « indépendants ». Les permanents des agences sont donc aujourd'hui menacés, comme tant d'autres, par la concurrence des algorithmes, qui marginalisent la dimension revendiquée comme « humaine », voire « sociale » de leur activité. Le projet de thèse s'inscrit donc à la croisée des sociologies de l'emploi et du travail et d'une sociologie des professions/groupes professionnels.