Thèse en cours

Inflammation chronique et cancer de la prostate : rôle des infections, des maladies de l'appareil urinaire et rénal et influence des gènes de l'inflammation ou de réponse aux infections dans ces associations ?

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Auteur / Autrice : Melissa Sawaya
Direction : Florence Menegaux
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Inscription en doctorat le 30/09/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en épidémiologie et Santé des populations
Equipe de recherche : Exposome et hérédité
référent : Faculté de médecine

Résumé

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Avec plus de 1.400.000 nouveaux cas dans le monde en 2020, le cancer de la prostate est le cancer masculin le plus fréquent dans le monde, excepté en Asie (Globocan 2020). En France, l'incidence a presque triplée entre 1990 et 2015, plus de 65.000 nouveaux cas (1er cancer masculin) et 9.000 décès (3ème cause de mortalité par cancer) ont été estimés en 2020, et 1 homme sur 8 est aujourd'hui concerné par ce cancer, en faisant ainsi un enjeu majeur de santé publique. Malgré une morbidité et une mortalité importante, seuls l'âge, l'origine ethnique et les antécédents familiaux de cancer de la prostate, facteurs non modifiables, sont reconnus comme facteurs de risque de ce cancer. Ainsi, les priorités de recherche sont d'identifier des facteurs de risque modifiables de ce cancer avec un intérêt particulier pour les cancers agressifs, qui représentent environ 20% des cas, souvent chez des hommes plus jeunes. De façon intéressante, des études de migrants ont montré que les taux d'incidence du cancer de la prostate de populations chinoises ou japonaises vivant aux Etats-Unis étaient beaucoup plus élevés que ceux observés dans leur pays d'origine suggérant un rôle possible de facteurs environnementaux (au sens large du terme) et/ou liés au mode de vie dans la survenue de ce cancer. Des données expérimentales et épidémiologiques ont permis d'établir, dans les années 2000, que l'inflammation chronique était associée au développement de plusieurs cancers, notamment l'œsophage, l'estomac, le foie, le colon et la vessie, via un agent infectieux ou environnemental spécifique (Cousens 2001 ; Balwill et Mantovani 2002). Le rôle de l'inflammation chronique dans la survenue du cancer de la prostate a également été suggérée (Nelson 2003 ; Platz 2004 ; De Marzo 2007 ; Cai 2019). En effet, la présence d'infiltrats inflammatoires localisés près de zones d'atrophie inflammatoire proliférative (PAI) et de néoplasie intraépithéliale prostatique (PIN) considérées comme des lésions prostatiques pouvant être précancéreuses, a contribué à renforcer cette hypothèse. Plusieurs facteurs ont été suggérés comme pouvant favoriser une inflammation de la prostate, parmi lesquels les infections (bactériennes ou virales) ou un reflux urinaire.Concernant les infections, de nombreux organismes pathogènes différents ont été observés comme pouvant infecter et induire une réponse inflammatoire de la prostate. C'est notamment le cas d'organismes pathogènes sexuellement transmissibles ou non-sexuellement transmissibles, qu'ils soient d'origine bactérienne ou virale. Plusieurs études épidémiologiques se sont intéressées au rôle des infections sexuellement transmissibles dans le risque de survenue du cancer de la prostate avec des résultats en faveur d'un lien entre ces infections et le cancer de la prostate (Cani 2014). Néanmoins, la majorité des études étaient consacrées à un agent pathogène unique et peu d'études prenaient en compte de l'agressivité du cancer. Plusieurs études ont observé une association entre un antécédent personnel de prostatite et le cancer de la prostate (Perletti 2017). Très peu d'études se sont intéressées au rôle des infections virales, qu'elles soient sexuellement transmissibles ou non, avec des résultats discordants. Concernant le reflux urinaire, l'irritation chimique liée au reflux a été proposée comme pouvant favoriser la survenue d'une inflammation de la prostate. De même, le reflux urinaire peut également être à l'origine d'infection ou de lithiase urinaire, également source d'inflammation et pourrait être impliqué dans la carcinogénèse prostatique (Pelucchi 2006 ; Fan 2017). Dans ce contexte, l'objectif général de ce projet de thèse est d'étudier le rôle de l'inflammation chronique dans la survenue du cancer de la prostate, et plus spécifiquement le cancer agressif, à partir des données de l'étude EPICAP. Ce projet de thèse comportera 3 objectifs : (1) étudier le rôle d'infections, sexuellement transmissibles ou non sexuellement transmissibles, bactériennes ou virales, (2) étudier le rôle des maladies de l'appareil urinaire et rénal, (3) étudier le rôle des gènes de l'inflammation et de réponse aux infections ainsi que les interactions entre ces gènes et les infections/maladies de l'appareil urinaire et rénal.