Projet de thèse en Epistémologie et philosophie
Sous la direction de Violaine Giacomotto-Charra.
Thèses en préparation à Bordeaux 3 , dans le cadre de Montaigne-Humanités , en partenariat avec Plurielles (equipe de recherche) depuis le 08-09-2021 .
Un ensemble de textes sur la pluralité des mondes et les voyages cosmiques voit le jour au XVIIe. A la frontière de plusieurs discours, ils sont considérés aujourd’hui comme autant littéraires que scientifiques, puisqu’ils exposent de nouveaux systèmes cosmo-biologiques par le biais de la fiction. Cette thèse propose de les mettre en regard avec les textes théoriques sur l’âme et l’imagination, afin de saisir le rôle décisif de la fiction dans les transformations des théories cosmo-biologiques à la charnière du XVIe et du XVIIe siècle. De nombreux systèmes et théories pour expliquer le monde co-existent en effet à cette période : différentes hypothèses sont émises sur la nature de la matière des cieux, la conception de l’univers, son caractère fini ou infini, la possibilité qu’il soit vivant et l’existence d’une potentielle âme du monde. Ces hypothèses s’accompagnent par ailleurs d’un renouvellement des théories des sensations, de la vue, de l’intellect et de l’imagination, qui convoquent toutes l’âme humaine. Or l’imagination, faculté de l’âme essentielle aux processus intellectuels, permet de créer de nouvelles images et peut représenter le premier ressort de l’hypothèse scientifique, jouant un rôle crucial quand il s’agit d’imaginer le monde autrement. Les théories de l’âme semblent alors constituer le nœud théorique où se rejoignent ces transformations, au carrefour de la construction de nouvelles hypothèses sur le cosmos, la nature humaine, et les théories de la connaissance. Il s’agira de comprendre comment des remises en question du système cosmologique, physique, médical et physiologique créent un contexte favorable à la multiplication d’hypothèses scientifiques fondées sur l’imagination, en analysant la façon dont les auteurs de fictions scientifiques mobilisent l’imagination dans le discours de la connaissance et donnent à voir, par la fiction, de nouveaux systèmes cosmo-biologiques, au sein desquels les notions d’âme et d’esprit(s) jouent un rôle crucial.
Soul, imagination and new cosmo-biological systems in 17th century scientific fictions
A set of texts regarding the plurality of worlds and cosmic journeys emerged in the 17th century. Bordering various discourses, they are regarded today as being just as much scientific as they are literary works of art since their use of fiction to illustrate new cosmo-biologic systems. This thesis strives to look at these texts against theoretical documentation about soul and imagination in order to establish the role of fiction in transforming cosmo-biologic theories at the end of the 16th century and the beginning of the 17th century. Various systems and theories explaining the world coexisted at that time: different hypothesis are formulated on the nature of skies matters, the conception of the universe, it's finite or infinite nature, existence itself and the possibility of there being such a concept as the soul of the world. Alongside these hypothesis is the revival of the study of senses, sight, intellect, imagination, that summons the soul in its entirety. Imagination, as an inherent part of the intellectual process, allows the creation of new images and can therefore be described as a first step in the formulation of scientific hypothesis, even more so when it comes to differently describing the world. At the core of these transformations seems to be the notion of soul which appears as the missing link between hypothesis on the cosmos, the human nature and the theory of knowledge. This research will aim at understanding how questioning the cosmological system, physical, medical and physiological has allowed for a favorable context for scientific hypothesis founded on imagination. I will do so by analyzing how authors of scientific fictions mobilized imagination within the discourse of knowledge and thereby, through fiction and new cosmo-biologic systems, give a decisive role to the notion of soul.