Thèse en cours

Modulation périodique de la micro-sismicité : du laboratoire au cas naturel

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 17/12/2024. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Martin Colledge
Direction : Alexandre SchubnelLaurent Bollinger
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de la Terre et de l'environnement
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 17/12/2024
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre et de l'environnement et physique de l'univers
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : École normale supérieure (Paris ; 1985-....). Laboratoire de géologie
Equipe de recherche : LRC Yves Rocard - ENS/CEA
établissement opérateur d'inscription : Ecole normale supérieure
Jury : Président / Présidente : Pascal Bernard
Examinateurs / Examinatrices : Alexandre Schubnel, Marie Violay, Olivier Lengliné, Laurent Bollinger, Céline Beauval, Kristel Chanard
Rapporteurs / Rapporteuses : Marie Violay, Olivier Lengliné

Résumé

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Des oscillations de contraintes, aux périodes allant de la fraction de seconde à celle des grands cycles climatiques, ébranlent constamment la Terre. Cependant, leur effet sur les failles, notamment sur la nucléation et la croissance des séismes, reste mal compris. Des études récentes suggèrent, par exemple, que les failles proches de la rupture seraient plus sensibles aux forçages périodiques. Cette thèse vise à étudier la réponse des failles à ces contraintes transitoires, au laboratoire et dans la nature pour explorer les propriétés fondamentales de la nucléation et de la propagation des séismes à différentes échelles. Nous concevons une faille synthétique réaliste capable de générer de grands catalogues de microsismicité de fond en laboratoire sans être sujet à des ruptures macroscopiques. Nous menons des expériences de cisaillement de gouge à pression crustale dans un appareil triaxial, appliquant des chargements constants et des pressions oscillantes. En capturant les émissions acoustiques dans un milieu macroscopiquement non-sismogéniques dans une gamme d'amplitudes, de périodes et de taux de chargement, nous étudions leur réponse à ces oscillations. Nous constatons une variation linéaire du taux de sismicité avec l'amplitude de la contrainte, compatible avec le régime haute-fréquence du modèle rate-and-state. Nous observons ponctuellement un déphasage cohérent avec une transition vers un régime basse-fréquence susceptible au taux de contrainte. Ces observations sont en accord avec les travaux numériques suggérant que la réponse de failles finie, intégrées dans une matrice qui creep, suit les mêmes régimes que ceux prévus par les modèles rate-and-state. En outre, nous observons une sensibilité significative de la valeur b aux oscillations de contrainte, bien plus forte que celle admise pour les contraintes différentielles statiques. Pour complémenter nos résultats expérimentaux, nous étudions la sismicité dans l'est et le centre du Népal, où une modulation annuelle de la sismicité avait été signalé, et explorons les variations de valeur b. Nous ne trouvons pas de variation statistiquement significative du taux de sismicité, remettant en question l'hypothèse selon laquelle le temps de nucléation de la sismicité y est inférieur à un an et que la contrainte normale effective est proche de zéro. Cependant, nous observons une modulation saisonnière statistiquement significative de la valeur b. Nous déterminons les perturbations de contrainte générées par le chargement hydrologique annuel, mesuré par gravimétrie satellitaire. Ce faisant, nous démontrons que la valeur b élevée observée lors du pic de la mousson est synchrone avec le taux de chargement hydrologique le plus élevé, qui induit une réduction transitoire de la contrainte de Coulomb à travers le Main Himalayan Thrust. Enfin, nous étudions les variations annuelles de la valeur b à travers le Japon. À Hokkaido et dans le nord de Honshu, nous constatons que la valeur b est modulée par la charge de neige, confirmant les résultats antérieurs sur la saisonnalité de l'activité sismique des grands séismes historiques. À Kyushu, cependant, aucune variation de la valeur b n'est observée malgré de fortes contraintes dues aux pluies estivales. Cette différence pourrait être due à la nature transitoire des précipitations par rapport aux charges de neige, ou à des différences dans les régimes tectoniques : les failles inverses à Hokkaido et dans le nord de Honshu subissent une réduction de la contrainte de rupture de Coulomb due à la charge de surface, alors que les failles normales et décrochantes à Kyushu peuvent entraîner de moindres perturbations. Notre approche multiéchelle démontre l'universalité des variations relativement élevées de la valeur b en réponse à de petites perturbations de contrainte, avec d’importantes conséquences pour évaluer les risques sismiques et pour notre compréhension des phénomènes sismiques et des interactions entre les enveloppes terrestres.