Thèse en cours

Attribution de 400000 hectares aux peuples autochtones de Guyane française : enjeux géographiques, juridiques, politiques et symboliques

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Auteur / Autrice : Caroline Delattre
Direction : Béatrice CollignonMatthieu Noucher
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Geographie
Date : Inscription en doctorat le 25/08/2021
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : Montaigne-Humanités
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : UMR Passages

Résumé

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Le mouvement social qu’a connu la Guyane en 2017 aboutit à la signature des Accords de Guyane, le 21 avril 2017. Parmi les différentes mesures devant permettre un « décollage » socio-économique de cette région d’outre-mer, figure l’engagement de l’Etat à attribuer « 400 000 hectares aux peuples autochtones » (Ministère des Outre-Mer, 2017). Or, cette « cession », ou plutôt, cette rétrocession, ne va pas sans soulever de nombreuses questions techniques et juridiques, mais aussi, symboliques, politiques et géographiques. Cet accord de rétrocession se fonde sur une vision étatique selon laquelle la Guyane est en grande partie constituée de « vides » qui formeraient une réserve foncière inépuisable, dont l’Etat est le propriétaire presque exclusif. A cette vision dominante, dont les cartes actuellement en circulation de la Guyane rendent bien compte, s’opposent des pratiques socio-culturelles et spatiales propres aux communautés amérindiennes, qui esquissent une appréhension toute autre de cet espace. Dresser une cartographie de ces usages, en prenant le contre-pied des cartes existantes, semble une étape nécessaire à l’identification des terres à rétrocéder, en tenant bien compte des besoins actuels et à venir de ces communautés, posant ainsi la question des enjeux de la cartographie en milieu autochtone. Mais cette rétrocession entraîne la nécessité d’un découpage géographique, au sens premier de « bornage », en contradiction avec la représentation culturelle de l’espace qui a cours chez ces populations. Se pose ainsi également la question de la traduction du droit coutumier dans le droit moderne, dans un contexte de non-reconnaissance par la France des peuples autochtones et de leurs droits. Enfin, ce processus pose également la question de l’appropriation d’une terre par une population donnée : suffit-il de décréter que tel morceau d’espace appartient à telle communauté amérindienne pour que cette dernière en fasse son territoire, c’est-à-dire support d’une identité collective ? Selon quels mécanismes « une » terre devient-elle « notre » terre ? Comment cette territorialisation s’inscrit-elle dans les revendications actuelles du mouvement politique amérindien de Guyane ?