Thèse en cours

Étude de l'association entre la consommation d'alcool et le risque de cancer du sein à travers la méthylation de l'ADN.

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Auteur / Autrice : Dzevahira Dragic
Direction : Gianluca Severi
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Epidémiologie
Date : Inscription en doctorat le 30/09/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay en cotutelle avec Université Laval
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Santé Publique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche en épidémiologie et Santé des populations
Equipe de recherche : Exposome et hérédité
référent : Faculté de médecine

Mots clés

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Résumé

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La consommation d'alcool est une activité sociale répandue dans le monde qui peut avoir de nombreux effets néfastes sur la santé, notamment le développement de cancers. En 2020, environ 4,4% des nouveaux cas de cancer du sein étaient attribuables à la consommation d'alcool, mais le mécanisme biologique derrière cette association n'est pas bien défini. L'objectif global de cette thèse était d'étudier si l'effet de la consommation d'alcool sur le risque de cancer du sein passe par la méthylation de l'ADN, un mécanisme épigénétique qui influence l'expression des gènes. Tout d'abord, nous avons réalisé une revue systématique de la littérature pour identifier les études ayant évalué l'association entre la consommation d'alcool et la méthylation de l'ADN à l'échelle du génome entier dans le sang. Ensuite, nous avons réalisé une étude d'association à l'échelle de l'épigénome (EWAS) sur la consommation d'alcool dans une étude cas-cohorte incluant 1760 femmes de la cohorte française E3N-Générations dont 1059 cas de cancer du sein diagnostiqués après la collecte de sang et 701 non-cas issus d'une sous-cohorte. Les données sur la consommation d'alcool ont été collectées en 1993 et les niveaux de méthylation de l'ADN ont été mesurés pour plus de 850 000 sites répartis à travers le génome en utilisant les échantillons prélevés entre 1995 et 1999. Enfin, à partir des sites CpG identifiés dans l'EWAS, nous avons sélectionné ceux également associés au risque de cancer du sein pour réaliser des analyses de médiation. Onze études transversales ont été incluses à la revue de la littérature avec un nombre de participants très variable. De nombreux sites CpG différentiellement méthylés ont été identifiés, dont quinze observés dans au moins quatre études. Ces sites étaient situés dans les gènes SLC7A11, SLC43A1, ANP32B, MCM2, HNRNPA1, SLC1A5, SNORD30, SNORD47, TRA2B, DYRK2, PHGDH, CCDC71 et étaient tous hypométhylés avec une consommation d'alcool plus importante. Dans notre étude cas-cohorte, nous avons identifié 19 255 CpG associés à la consommation d'alcool et la majorité étaient hypométhylés lorsque la consommation d'alcool augmentait. Parmi ces sites, 591 ont également été identifiés dans au moins une autre EWAS de la littérature et au moins six études ont rapporté des sites dans les gènes SLC7A11, ANP32B, MCM2, HNRNPA1, SNORD30 et TRA2B. Ensuite, en utilisant la même étude cas-cohorte nous avons évalué si l'association entre consommation d'alcool et risque de cancer du sein est médiée par des modifications de la méthylation de l'ADN. Ces analyses ont été limitées aux femmes ménopausées, le sous-groupe dans lequel on observe l'association entre consommation excessive d'alcool (>20 g/jour) et risque de cancer du sein. Nous avons observé que parmi les CpGs associés à une consommation excessive d'alcool dans notre EWAS, 3522 étaient associés au risque de cancer du sein chez les femmes ménopausées. Les analyses de médiation ont montré que l'association entre consommation excessive d'alcool et risque de cancer du sein était médiée par plusieurs sites CpG et que pour la majorité de ces sites l'effet indirect était négatif. Quelques sites CpG ayant un effet médiateur augmentant le risque de cancer du sein ont également été identifiés (cg01890836 [MPRIP], cg00011513 [LCE5A], cg01278873 [ZNF233], cg06983052 [LRRC8D], cg06061791 [UQCRFS1], cg02801114 [TPD52L1], cg08324152). Ces sites CpG pourraient être des biomarqueurs intéressants de la consommation d'alcool et du risque de cancer du sein qui méritent d'être évalués dans des recherches approfondies. Bien que nos analyses soient exploratoires, car elles se basent sur une sélection de sites CpG, l'observation que l'effet direct de la consommation excessive d'alcool sur le risque de cancer du sein est bien plus important que l'effet indirect à travers la méthylation de l'ADN, suggère qu'il existe d'autres mécanismes biologiques plus importants sous-jacents l'association.