Thèse soutenue

L'impact de petits événements brillants UV-EUV sur le chauffage coronal du Soleil calme : analyse de données de Solar Orbiter et simulations hydrodynamiques de boucles magnétiques

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Auteur / Autrice : Antoine Dolliou
Direction : Karine BocchialiniSusanna Parenti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physique
Date : Soutenance le 11/10/2024
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ondes et Matière
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut d'astrophysique spatiale (Orsay, Essonne ; 1990-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Physique (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Catherine Krafft
Examinateurs / Examinatrices : Nicole R. Vilmer, Alexis Rouillard, Sophie Masson, Spiros Patsourakos, Andrei Zhukov
Rapporteur / Rapporteuse : Nicole R. Vilmer, Alexis Rouillard

Résumé

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La couronne solaire est chauffée à plus de 1 MK. L'une des principales théories sur la formation de la couronne (Parker, 1988) suggère que l'énergie magnétique est dissipée dans la couronne par un grand nombre d'événements de chauffage impulsifs et peu énergétiques (1E24 ergs), appelés « nanoflares ». Le 30 mai 2020, lors de sa première séquence d'observation à haute résolution spatiale et temporelle, 1463 petits « événements » EUV de petite taille (400 - 4000 km) et de court temps de vie (10-200 s) ont été détectés dans le Soleil calme (QS) par l'imageur UV à haute résolution HRIEUV (174 Angström), à bord de Solar Orbiter. J'ai étudié si ces événements sont la signature du chauffage par nanoflares.Comme HRIEUV est sensible à une gamme de température continue, en particulier entre 1 MK et 0.3 MK, mon objectif était de vérifier si ces événements atteignent des températures coronales et, par conséquent, s'ils contribuent directement au chauffage coronal.Le 30 mai 2020, seules les données de SDO/AIA permettaient d'effectuer un diagnostic de température. C'est dans ce but que j'ai appliqué la méthode des « décalages temporels » aux canaux EUV de AIA. Ces décalages sont des signatures de chauffage ou de refroidissement pour des températures supérieures à 1 MK, au-delà de laquelle cinq des six canaux d'AIA ont leur pic de réponse. La comparaison des résultats entre les événements et le reste du QS a permis de conclure que les événements ont, pour la plupart, des décalages temporels inférieurs à la cadence d'AIA de 12 s. Des séquences d'observation ultérieures ont confirmé ces résultats avec une cadence d'AIA doublée. J'en ai déduit deux interprétations possibles : (1) les événements n'atteignent pas 1 MK, températures pour lesquelles les fonctions de réponse d'AIA se comportent de façon similaire ; (2) les temps de refroidissement sont trop courts pour que les décalages temporels soient résolus par AIA. Afin de mieux contraindre leur température, j'ai eu recours à la spectroscopie.J'ai donc analysé des observations coordonnées entre HRIEUV, AIA (imagerie), Solar Orbiter/SPICE et Hinode/EIS (spectroscopie) sur le QS, en 2022 et 2023. Tout d'abord, les événements sont détectés dans HRIEUV, puis identifiés dans AIA, ainsi que SPICE ou EIS. A partir des raies spectrales, j'ai construit des courbes de lumière et estimé la distribution de la densité en fonction de la température. J'ai conclu que l'émission de ces événements provient principalement de plasma froid (< 1 MK). Ainsi, la majorité d'entre eux ne contribuent pas directement au chauffage coronal.Afin de comprendre l'origine physique de ces événements, j'ai reproduit leurs signatures observationnelles avec le code d'évolution hydrodynamique 1D HYDRAD. Pour ce faire, j'ai calculé les courbes de lumière synthétiques de petites boucles soumises à un chauffage impulsif, en changeant les paramètres du modèle, tels que la longueur de la boucle ou l'amplitude du chauffage. J'ai cherché les paramètres qui reproduisent le mieux les observations, y compris le pic co-temporel des courbes de lumière. J'ai comparé les résultats pour deux types de boucles qui ont des propriétés très différentes : les boucles « chaudes » (T > 1E5 K) et les boucles « froides » (T < 1E5 K). Les résultats montrent que les boucles froides soumises à un chauffage impulsif sont de bons candidats pour expliquer l'origine des événements détectés par HRIEUV.En conclusion, ces événements ne sont probablement pas, pour la majeure partie d'entre eux, une signature du chauffage coronal, à moins que leur émission coronale ne soit inférieure aux limites instrumentales. Une des conséquences de ce travail est de réévaluer le rôle des petits événements EUV dans le chauffage coronal du QS, car ils pourraient jouer un rôle important dans le chauffage de la partie plus basse et plus froide de l'atmosphère solaire.