Thèse en cours

L'humanisme marxiste dans la pensée de Michel Clouscard

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Auteur / Autrice : Loïc Chaigneau
Direction : Stéphane Haber
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 26/08/2021
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Connaissance, langage, modélisation (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de sociologie, philosophie et anthropologie politiques (Nanterre ; 2004-...)

Mots clés

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Résumé

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Trop longtemps ignoré, Michel Clouscard est un philosophe et sociologue marxiste dont les travaux refont surface ces dernières années. Toutefois, c'est d'une manière très partielle que son œuvre est abordée. Loin d'être un énième penseur marxiste de plus, Michel Clouscard a pu développer un appareillage épistémologique et conceptuel singulier au cours des années soixante-dix et jusqu'à sa mort. Michel Clouscard s'inscrit dans toute son œuvre, de l'Être et le code (thèse d'État) en 1972 aux Chemins de la praxis en 2014 (œuvre posthume), dans une trajectoire hégéliano-marxiste et dans une filiation philosophique proprement léniniste. C'est en fonction de cette approche qu'il envisage d'ailleurs de prolonger la critique hégélienne du formalisme et de l'empirisme (du Droit naturel, 1802) en l'appliquant aux paradigmes des sciences humaines du XXème siècle. Position hégélienne s'il en faut, Clouscard cherche un moyen-terme entre le formalisme structuraliste d'un Lévi-Strauss et l'empirisme néo-positiviste d'un Bourdieu, notamment. Toutefois, ce triptyque permet une approche triangulaire originale du problème épistémologique qui touche les sciences historiques. Par ailleurs, et dans la continuité cette fois de Lucien Goldmann dont il a été le disciple, Michel Clouscard aborde les théories — qu'il critique à partir de leurs fonctions idéologiques — du non-dit dont la critique elle-même peut être le reflet (d'où ses critiques de la psychanalyse et de Lacan, du structural et de Lévi-Strauss, de l'ontique Heideggerien mais aussi du néo-positivisme). À partir de son opération critique, c'est tout un champ intellectuel prépondérant dans la seconde partie du siècle dernier qui peut être remis en question et surtout actualisé. Notre philosophe sera parmi les premiers à déceler la radicalité contre-révolutionnaire du postmodernisme qui croît en France à partir des années soixante. Il fait d'ailleurs de Louis Althusser « l'ennemi numéro un » parce que ce dernier découple complètement Hegel de Marx pour mieux s'attaquer à la dialectique, pourtant déjà qualifiée par Marx de « noyau rationnel » commun entre lui et Hegel, dans la Postface du Capital. Althusser, en donnant à la superstructure et donc à l'idéologie une quasi autonomie annonce déjà un renversement interne au marxisme, un renversement idéaliste et contre-révolutionnaire, qui conduira à l'actuel postmarxisme qui règne en maître dans les mouvements européens sociaux-démocrates. A rebours de cela, Michel Clouscard tente de rejeter dos à dos positivisme et irrationalisme, postmarxisme et marxisme-léninisme dogmatique pour prolonger une trajectoire qui est celle d'un marxisme orthodoxe de la méthode pour reprendre les mots de Lukács. C'est en ce sens qu'il souhaite enrichir le matérialisme dialectique et historique notamment dans une compréhension de l'histoire comme totalité dialectique où le marxisme ne se réduit plus à une seule philosophie de la praxis. En effet, pour Clouscard, il y a unité et engendrement réciproque de la psyché, de la subjectivité, et de la praxis. Un long voyage qui, de l'Être et le code au Traité de l'Amour fou nous invite à penser le champ macro-historique, tout en investissant pleinement ceux de la culture, de la psyché et des mœurs. Le matérialisme comme condition méthodologique objective, l'histoire comme point d'ancrage et la dialectique comme moyen pour comprendre et surtout transformer le monde, voilà le projet renouvelé par Michel Clouscard.