Oxychlorures de cuivre, supraconducteurs à haute température : un modèle 2D pour les cuprates
Auteur / Autrice : | Chafic Fawaz |
Direction : | Matteo D'astuto |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Physique de la Matière Condensée et du Rayonnement |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 18/12/2024 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale physique (Grenoble, Isère, France ; 1991-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Néel |
Equipe de recherche : MCBT | |
Jury : | Président / Présidente : Nedjma Bendiab |
Examinateurs / Examinatrices : Veronique Brouet, Matthieu Le tacon, Dario Daghero, Marco Grioni | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Veronique Brouet, Matthieu Le tacon |
Résumé
Une découverte majeure en matière condensée a été celle de la supraconductivité à haute température dans les cuprates (oxydes de cuivre), détenant le record de la température critique la plus élevée à pression ambiante. Ils présentent des plans CuO2, censées être responsables de leurs propriétés électroniques, impliquant de fortes corrélations électroniques. Le dopage donne lieu à un diagramme de phase très complexe, allant d'une phase isolante antiferromagnétique à un pseudo-gap, à la supraconductivité et à une phase métal étrange, ainsi que des ordres coexistant et/ou concurrent, tel que les ordres de charge et de spin. Cependant, une explication théorique du mécanisme d'appariement de Cooper dans ces matériaux est toujours un sujet de débat, dont les excitations magnétiques (paramagnon) sont des candidats prometteurs pour contribuer à cet appariement. L'oxychlorure de cuivre dopé aux trous Ca2CuO2Cl2 est un excellent composé pour étudier toutes ces phases sur un terrain commun. Sa structure monocouche I4/mmm stable et simple, et son fort caractère 2D, le rendent très adapté aux calculs théoriques, permettant une comparaison directe avec les travaux expérimentaux. Dans cette thèse, nous avons utilisé une combinaison de techniques de spectroscopie pour étudier les excitations magnétiques, les phonons, la structure électronique et londe de densité de charge (ODC) dans la phase pseudo-gap jusqu'au dopage optimal du Ca2-xNaxCuO2Cl2. La diffusion inélastique résonante de rayons X (RIXS) est utilisée pour étudier l'évolution des excitations magnétiques avec le dopage. Nous avons trouvé que le paramagnon a la même dispersion jusqu'au dopage optimal le long de la direction (100), mais s'amollie le long de la direction antiferromagnétique (110). En utilisant le polarimètre et une configuration rasante, nous avons séparé le signal de spin-flip (paramagnon) du signal non-spin-flip (multimagnon et excitations de charge). Nous avons vu que le multimagnon a tendance à devenir faible à partir du dopage x=0.10 et est probablement remplacé par un continuum de charge au dopage optimal (x=0.18) dans la direction (110). La spectroscopie Raman est utilisée pour mesurer les phonons et le bimagnon. Nous avons trouvé un effet de résonance des phonons dû aux interactions Fröhlisch, indiquant un fort couplage électron-phonon, qui saffaiblie avec le dopage. Quand au bimagnon, il a tendance à s'amollir, en accord avec le comportement du multimagnon observé en RIXS. La spectroscopie de photoémission résolue en angle (ARPES) est utilisée pour mesurer la structure de la bande électronique. La bande électronique de plus basse énergie présente un kink de haute énergie (autour de 300-400 meV), qui a une énergie similaire pour 0.06 ≤ x ≤ 0.18. La comparaison avec les calculs des collaborateurs, explique ce kink par un croisement entre un régime de corrélation locale et un régime spin-polaron. La position d'énergie du kink dépend de la largeur de bande du paramagnon. Les deux se révèlent stables avec le dopage dans les mesures ARPES et RIXS. Pour x ≥ 0.10, un kink de basse énergie apparaît à environ 50-60 meV, à la position du mode d'étirement de liaison Cu-O (Bond stretching), mesuré par diffusion inélastique des rayons X (IXS). L'absence de ce kink à faible dopage est due à l'élargissement de Franck-Condon de la bande électronique, reflétant un fort couplage électron-phonon comme rapporté dans la littérature. Le dopage semble affaiblir le couplage électron-phonon, permettant ainsi moins d'élargissement et l'apparition de ce kink à plus haut dopage. Ceci est en accord avec le comportement de couplage électron-phonon observé dans nos mesures Raman. En utilisant la RIXS et lIXS, nous avons constaté que lODC persiste au dopage optimal avec l'apparition d'anomalies phononiques du mode d'étirement de liaison Cu-O au niveau du vecteur d'onde de lODC.