Synthèse et évaluation de nouveaux ligands du cuivre (I) pour de la thérapie par chélation dans le contexte de la maladie d'Alzheimer
Auteur / Autrice : | Clément Rulmont |
Direction : | Charlène Esmieu, Christelle Hureau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Chimie, Biologie, Santé |
Date : | Soutenance le 17/11/2023 |
Etablissement(s) : | Toulouse 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de la Matière (Toulouse) |
Jury : | Président / Présidente : Ewen Bodio |
Examinateurs / Examinatrices : Christelle Hureau, Christian Lherbet, Nicolas Leconte | |
Rapporteur / Rapporteuse : Pascale Delangle |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La maladie d’Alzheimer (MA) est une pathologie multifactorielle complexe et dévastatrice, dont on ne connait toujours pas les causes et pour laquelle aucun traitement curatif n’est disponible. Elle représente environ 80% des cas de démence. Connue depuis 115 ans, elle touche un nombre constant de personnes ce qui en fait une priorité de santé publique ; cependant sa complexité freine la découverte de traitements. L’un des signes caractéristiques de la MA est l’accumulation de plaques amyloïdes dans le cerveau, composées de peptides amyloïde béta (A&dièse946;) ayant la capacité de s’auto-assembler. Cette agrégation est à l’origine de l’une des hypothèses pour expliquer la maladie : la cascade amyloïde. Les plaques amyloïdes contiennent une grande quantité d’ions, cuivre, fer et zinc, ce qui a conduit les chercheurs à étudier le rôle de ces ions métalliques dans le développement de la maladie. De nombreuses recherches ont démontré l’implication des ions métalliques dans la cascade amyloïde, ils peuvent moduler l’agrégation du peptide A&dièse946; et pour l’ion cuivre redox actif il participe à la production des espèces réactives de l’oxygène (ERO) en présence de dioxygène et d’un réducteur tel que l’ascorbate, créant des zones d’inflammation et conduisant in fine à la mort neuronale. De façon plus générale, une mauvaise régulation des ions cuivre est observée dans le cerveau des malades. Depuis 20-30 ans l’une des stratégies envisagées pour traiter cette maladie est l’utilisation de chélateurs de l’ion cuivre afin d’éviter la formation du complexe Cu(A&dièse946;) responsable de la production d’ERO. Les chélateurs décrits dans la littérature ciblent presque exclusivement l’ion cuivre CuII. Cette stratégie n’a pour le moment abouti à aucun traitement. Les meilleurs chélateurs du CuII décrit à ce jour ont échoué en phase clinique, la plupart d’entre eux rencontrent des problèmes de sélectivité liés à la présence d’autres ions métalliques tel que le Zn.A partir des études reportées dans la littérature, on peut déduire les critères prérequis pour avoir un chélateur efficace. Il doit former un complexe redox inerte avec le Cu, il doit être capable de retirer le Cu du complexe Cu(A&dièse946;), il doit se lier au cuivre rapidement, il doit être sélectif du cuivre versus les autres ions. Face aux limites des chélateurs de CuII existants, une approche novatrice a été adoptée dans le cadre de ce projet de thèse. Cette approche consiste à concevoir des chélateurs sélectifs du CuI. Au cours de cette thèse, six chélateurs, conçus de façon rationnelle, ont été synthétisés pour se lier sélectivement au CuI. La synthèse multi-étapes des chélateurs implique des réactions classiques de chimie organique, dont certaines ont été réalisées par activation micro-ondes. Ces ligands contiennent une amine et des groupements thiol et/ou thio-ether au sein de leur cavité de chélation. La résistance à l’oxydation de ces ligands a été étudiée ainsi que leur capacité à chélater les ions CuI, CuII et ZnII. Les complexes formés ont été caractérisés. Des chélateurs présentant une très bonne sélectivité vis-à-vis du CuI par rapport au ZnII ont été obtenus. Certains chélateurs sont capables de retirer le CuI et le CuII des complexes Cu(A&dièse946;) et d’arrêter la production d’ERO associée.