Thèse en cours

Les métamorphoses des vulnérabilités sanitaires et sociales. De la charité à la bientraitance, France, XIXe XXIe siècles.

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Auteur / Autrice : Jean-marie Villela
Direction : Étienne Thévenin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire
Date : Inscription en doctorat le 29/10/2019
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : HNFB - Humanités Nouvelles-Fernand Braudel
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CRULH - Centre Régional Universitaire Lorrain d'Histoire

Résumé

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Notre intention est d'étudier comment la notion de vulnérabilité a été prise en compte dans la société française, de la moitié du XIXème siècle jusqu'à la période actuelle, au début du XXIème siècle. Nous verrons que la question de la vulnérabilité est indissociable de la construction de l'action sanitaire et sociale qu'elle a d'ailleurs largement façonnée, construction qui trouve elle-même une grande part de ses racines dans la conception chrétienne de la charité, puisant ainsi dans une sorte d'ADN commun, jusqu'à se retrouver dans les valeurs et l'éthique sociales sur lesquelles se fonde l'action sanitaire et sociale. Nous examinerons quelles réponses institutionnelles ont pu être apportées à la vulnérabilité, en analysant le mouvement de construction progressive puis de déconstruction/reconstruction des modes d'intervention. Nous proposerons d'étudier la question de la porosité grandissante entre espaces public-privé et son influence sur la perception de la vulnérabilité, de la vulnérabilité cachée, enfermée, dans les murs (particulièrement ceux des établissements sociaux et médico-sociaux), à la vulnérabilité visible, exposée, socialisée, scénarisée. Nous compléterons nos investigations par des considérations d'ordre éthique. Comment l'approche éthique de la vulnérabilité s'exprime et se modifie dans le temps, en quoi elle influe sur la prise en compte de la vulnérabilité, le rapport à l'autonomie, à la raison, à la responsabilité, mais aussi, à l'inverse, comment la vulnérabilité peut-elle être « créatrice » d'éthique et d'innovation sociale en «produisant» de la bientraitance. La proposition principale que nous souhaitons argumenter et soutenir est que, partant de l'idée que la vulnérabilité concerne tous les individus, elle renvoie cependant à des catégories de personnes et d'actions qui relèvent d'un « traitement » sanitaire, social et médico-social, qui s'est construit au fil du temps : les personnes dites vulnérables, en état de dépendance, les moments et les lieux de cette dépendance. C'est dans ce cadre relativement restreint que les éthiques de la vulnérabilité s'expriment le plus, particulièrement aujourd'hui avec l'approche de la bientraitance et le questionnement éthique qui la nourrit. Mais si nous sommes d'accord pour dire que tous les individus sont vulnérables, qu'en est-il du reste de la société, comment la vulnérabilité intrinsèque à la condition humaine peut-elle être prise en compte en dehors du strict cadre des institutions et dispositifs dont c'est la mission, quelle éthique pour lui répondre? Peut-on envisager un modèle universel de société solidaire? Comment l'éducation peut-elle contribuer à répondre à une telle ambition? Peut-on, en définitive, viser une société bientraitante ?