L'influence des droits français et allemand dans la construction d'un droit matériel européen de l'insolvabilité
Auteur / Autrice : | Jerome Lario |
Direction : | Paola Nabet-garaffa |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit privé et sciences criminelles |
Date : | Inscription en doctorat le 23/11/2020 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | SJPEG - SCIENCES JURIDIQUES, POLITIQUES, ECONOMIQUES ET DE GESTION |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut François GENY |
Mots clés
Résumé
Fruit de nombreux efforts, l'économie mondiale est probablement désormais un système ouvert qui englobe un ensemble de sous-systèmes régionaux/nationaux interconnectés et interdépendants. Bien qu'économiquement liés les uns aux autres, les systèmes diffèrent principalement du point de vue de la normativité. Les États membres de l'OCDE diffèrent principalement d'un point de vue juridique et fiscal. Ils font l'objet de comparaisons et de classements depuis de nombreuses années (ex : rapports « DOING BUSINESS »). Comme souvent entre systèmes interdépendants, les crises pandémiques et économiques se caractérisent par leurs effets de masse et leur simultanéité qui n'épargnent aucun territoire, aucun sous-système, et donc aucun État. Il est intéressant d'étudier comment évolue, dans les cycles de tempête, le droit de l'insolvabilité tant en France qu'en Allemagne. En effet, les crises économiques et financières se sont succédées pendant des décennies et ont façonné la loi sur l'insolvabilité avec des dispositions préventives et curatives. Actuellement, certains opérateurs économiques connaissent une crise économique sectorielle à la suite de mesures « sanitaires » prises de manière asymétrique par chaque État, contre une pandémie mondiale. Cette nouvelle épreuve affectera probablement à long terme l'économie de manière disproportionnée par rapport aux effets des différents types de crises qui l'ont précédée depuis la seconde moitié du XXe siècle. Cependant, au niveau macroéconomique, il est hélas probable que les effets de crises comparables, difficilement maîtrisées et leurs impacts économiques et sociaux négatifs sur des territoires donnés soient amenées à se renouveler. L'anticipation et la résilience semblent essentielles. Chaque période de crise a eu son lot d'adaptation des dispositions du droit des entreprises en difficultés propre à un territoire donné, sans parfois que l'on eût d'ailleurs toujours pris la peine d'attendre que les dispositions de la précédente réforme soient connues par les opérateurs concernés eux-mêmes (exemple : les chefs d'entreprise) et qu'elles n'aient pu produire d'effets significatifs dans la durée sur lesquels se baser. Bien que cela soit souvent pris en compte du point de vue des investisseurs, chaque territoire est comparé régulièrement aux autres en ce qui concerne la gestion des entreprises en difficulté, sur 3 points principalement : l'impact sur la sortie des actionnaires du débiteur, la gestion du patrimoine des créanciers par la Loi et plus récemment un social, le maintien de l'emploi. Partant donc du principe d'une économie ouverte ayant la forme d'une poupée gigogne avec ponctuellement des intégrations régionales (CETA, UE, ALENA, Mercosur, ASEAN ), l'étude se placera dans une perspective comparative des droits français et allemands. Pour penser à des modèles résilients et reproductibles, il apparaît donc intéressant et utile d'analyser comment les Gouvernements/Parlements français ou allemands, parviennent selon les cas, à tirer parti d'une crise (qu'elle soit sanitaire, économique ou autre) ayant un impact sur l'activité et la survie des entreprises, en modifiant et en enrichissant les dispositifs législatifs de l'insolvabilité existants. Il peut également s'agir d'évaluer et de valider des mesures réglementaires censées soutenir temporairement les opérateurs économiques (dont dépend la vie des citoyens) ; étudier les modalités de leur mise en uvre et le mode de légitimation (toute mesure a des opposants) . Il s'agit de voir comment les deux Etats ont su évoluer, mettre à profit des dispositions récurrentes (préventives et curatives) et/ou mettre en place des dispositions d'exception pour faire face aux aléas auxquels sont confrontés les opérateurs économiques. Il s'agit d'analyser et de dégager les plus pertinentes quant à leur efficacité au choix, d'un point de vue économique et/ou social, puis d'émettre des hypothèses : voir lesquelles pourraient s'inscrire durablement dans les dispositifs législatifs, voire être déployées sur le territoire de l'Union et pourquoi pas faire rayonner le droit de l'Union au-delà. A cet égard, des transferts juridiques de droits nationaux vers le droit de l'Union ont naturellement déjà eu lieu, notamment avec les règlements européens successifs et complémentaires (1346/2000 et 2015/848) régissant l'insolvabilité transfrontalière et la récente Directive (UE) 2019/1023 du Parlement européen et du conseil du 20 juin 2019 relative aux cadres de restructuration préventive, à la remise de dettes et aux déchéances, et aux mesures à prendre pour augmenter l'efficacité des procédures en matière de restructuration, d'insolvabilité et de remise de dettes.