Thèse soutenue

Systèmes linguistiques en contact dans le chansonnier Estense : étude stratigraphique et philologique des éléments en langue d'oc et en langue d'oïl
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Auteur / Autrice : Barbara Francioni
Direction : Yan GreubFabrizio Cigni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 30/05/2023
Etablissement(s) : Université de Lorraine en cotutelle avec Università degli studi (Sienne, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Lorraine)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Analyse et traitement informatique de la langue française (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Nadine Henrard
Examinateurs / Examinatrices : Yan Greub, Fabrizio Cigni, Riccardo Viel
Rapporteurs / Rapporteuses : Nadine Henrard, Riccardo Viel

Résumé

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Le travail a pour origine l'intention d'étudier la langue des troubadours à partir d'un point de vue différent : non celui de la recherche de la langue de l'auteur ou de l'étude de la scripta spécifique d'un témoin manuscrit, mais plutôt celui d'une tentative de combiner ces deux approches. Si la langue des auteurs se trouve analysée principalement dans les sections introductives des éditions critiques et dans quelques études dédiées surtout aux troubadours des premières générations, les études scriptologiques font généralement l'objet de chapitres séparés dans les études sur les différents chansonniers, sans qu'on parvienne toujours à faire communiquer les deux pistes de recherche : les études scriptologiques se concentrent premièrement sur ce qu'on peut définir comme la « langue des copistes », en partant d'une perspective horizontale, due à la nature même de l'étude linguistique qu'on peut mener sur ce type d'objet de recherche ; les éditions critiques offrent un regard plus vertical, sans toutefois prendre dûment en compte les possibles habitudes de plume et les éventuels tics des copistes, qui ne peuvent apparaître que sous la loupe d'une étude générale sur les différents témoins. C'est justement à la croisée des deux méthodes que cette thèse trouve son point de départ, sans prétendre à la solution définitive des problèmes intrinsèques qu'une étude linguistique sur les troubadours continue de poser, même quand l'on essaie d'aborder le sujet d'une manière « tridimensionnelle ».Nous avons, par conséquent, cherché à analyser l'objet de la recherche d'un point de vue stratigraphique, de façon à permettre d'apprécier l'écart entre la forme du texte au moment de sa production et la forme du texte au moment de sa réception manuscrite, en passant par le moment clé de la reproduction et de la performance orale et chantée des productions lyriques des troubadours. L'objet linguistique particulier de cette étude a été le rapport entre les deux variétés galloromanes de la France médiévale ; nous avons choisi de conjuguer les objectifs d'une étude linguistique de ce genre avec les nécessités d'une recherche sur la langue des troubadours, tout en tenant compte des ambiguïtés que cela implique.Une recherche ayant pour but d'étudier la langue des troubadours en fonction de ses rapports avec la langue d'oïl, avec l'ampleur et l'ambiguïté inhérentes que le caractère matériel du corpus à analyser entraîne, oblige à resserrer son champ d'application sur un objet d'analyse bien défini et délimité. C'est pour cette raison que nous avons décidé de concentrer notre attention non sur un seul troubadour ou sur un choix de poètes en langue d'oc particulièrement connus pour avoir noué de riches liens avec la partie Nord des domaines galloromans, mais sur un objet très concret, qui permet d'étudier l'influence du système linguistique d'oïl sur la langue des troubadours. Parmi les chansonniers qui contiennent des recueils de lyrique d'oc, il n'y en a que trois qui contiennent aussi des recueils bien organisés et matériellement distincts de lyrique d'oïl : étant donné que les deux manuscrits Wpr/Mfr et Xpr/Ufr sont en premier lieu des recueils lyriques en langue d'oïl et que les pièces occitanes qui y sont contenues ont déjà été étudiées, nous avons décidé d'analyser le « chansonnier estense », qui est le seul à avoir prévu deux sections séparées de lyrique en langue d'oc suivies par une section de lyrique en langue d'oïl, sections déjà prévues dans la structuration à l'origine de l'œuvre et annoncée dans les tables des incipit.