Rome médiévale, une histoire contemporaine. La question du patrimoine médiéval romain dans la construction de la capitale (1870-1950)

The Middle Ages in today's Rome. 'Expertise' and public policies : the question of medieval heritage in the making of a modern capital (1870-1950)

• Auteur / Autrice : Marina Bernardi-Bieuvelet
• Direction : Catherine Brice, Riccardo Santangeli valenzani
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire
• Date : Inscription en doctorat le 01/09/2020
• Etablissement(s) : Paris 12 en cotutelle avec Università degli Studi di Roma Tre
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en histoire européenne comparée (Créteil)

Mots clés

Mots clés libres

Rome

Urbanisme

Politiques publiques

Art médiéval

Patrimoine

Histoire des savoirs

Medieval

Urbanism

Heritage

Public policies

History of knowledge

Rome

Résumé

Le transfert de la capitale italienne à Rome en 1871 signe le début d'une expansion démographique et d'une transformation urbanistique de grande ampleur. Depuis le premier plan d'aménagement de 1873, les mutations et extensions successives de l'Urbe ont traduit la volonté de transformer la capitale de la papauté en celle d'un nouvel État libéral unifié . Continuellement peuplée depuis sa fondation, Rome offre une véritable stratigraphie à ciel ouvert. Les choix qui ont été opérés en matière d'urbanisme et de conservation patrimoniale depuis le transfert de la capitale ont directement influé sur la visibilité de pans entiers de l'histoire urbaine et offrent à nos yeux une représentation de cette histoire biaisée par des interpénétrations entre idéologies politiques et courants de la pensée scientifique. Je me propose d'étudier le cas de la place laissée à la Rome médiévale dans le modelage de la nouvelle capitale italienne, en analysant les négociations entre savoirs « experts » et instances décisionnaires dans la mise en œuvre des politiques urbaines. L'objet de cette étude est donc le sort fait aux traces de la Rome médiévale dans le cadre de la construction de la capitale, entre 1870 et 1970 . Il s'agira d'analyser les relations entre l'état des connaissances savantes sur le Moyen-âge et les politiques publiques en matière d'urbanisme et de conservation du patrimoine à Rome. Comment et dans quelle mesure l'évolution de la pensée et de la recherche sur le Moyen-âge a influencé le sort fait aux témoignages médiévaux romains ? On étudiera en détail les décisions de l'État et de la municipalité dans les grands projets d'urbanisme et les initiatives de conservation patrimoniales (fouilles archéologiques, muséalisation, restauration), pour comprendre dans quelle mesure les connaissances provenant du monde savant ont eu, ou non, une influence sur les décisions politiques touchant à la préservation du patrimoine médiéval romain. La recherche s'inscrit à la croisée de l'histoire des savoirs, de l'histoire du patrimoine et de la sociologie politique. La nouveauté du projet est celle de considérer les témoignages de l'époque médiévale dans leur spécificité au sein du contexte romain. En effet la fortune critique du Moyen-âge soulève des questionnements spécifiques à la Capitale, où il a été souvent considéré uniquement dans un rapport de force, largement déséquilibré, avec l'Antiquité classique . Nous étendons ainsi notre chronologie jusqu'aux années 1970 qui constituent un tournant dans les études médiévales à Rome : entre la naissance du Musée National du Haut Moyen-âge en 1967 et les fouilles de la Crypta Balbi en 1982, la période médiévale entre véritablement dans l'historiographie urbaine et sa visibilité est préservée .

The transfer of the Italian capital to Rome in 1871 marked the start of a large-scale demographic expansion and urban transformation. Continually populated since its foundation, Rome offers a real open-air stratigraphy. The choices that have been made in terms of urban planning and heritage conservation have directly influenced the visibility of whole swathes of urban history and offer us a representation of this history biased by interpenetration between political and scientific ideologies. I propose to study the case of the place left to medieval Rome in the shaping of the new Italian capital, by analyzing the negotiations between 'expert' knowledge and decision-making entities in the implementation of urban policies. The object of this study is the fate of the medieval Rome's ruins and artworks in the Capital's construction between 1870 and 1970. We will analyze the relationships between the state of scholarly knowledge on the Middle Ages and public policies in town planning and heritage conservation. How did the evolution of the medeival studies influence the fate of Roman medieval testimonies? We will study in detail the decisions of the State and the municipality in major urban planning projects and heritage conservation initiatives (archaeological excavations, musealization, restoration), to understand to what extent knowledge from the scientific world influenced, or not, the political decisions relating to the preservation of the medieval heritage. The research is at the crossroads of the history of knowledge, the history of heritage and political sociology. The novelty of the project is considering the testimonies of the medieval period in their specificity within the Roman context. Indeed, the critical fortune of the Middle Ages raises specific questions for the Capital, where it was often considered only in a balance of power with Classical Antiquity. We thus extend our chronology to the 1970s, which constitute a turning point in medieval studies in Rome: between the birth of the Museo Nazionale dell'Alto Medioevo in 1967 and the excavations of the Crypta Balbi in 1982, the medieval period truly entered urban historiography.