Coupler des approches expérimentales et par modélisaiton pour évaluer le potentiel du soja en tant que double culture dans les systèmes de culture français face au changement climatique
Auteur / Autrice : | Lin Kang |
Direction : | Philippe Debaeke, Lionel Alletto |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Agrosystèmes, écosystèmes et environnement |
Date : | Soutenance le 05/03/2025 |
Etablissement(s) : | Université de Toulouse (2023-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences écologiques, vétérinaires, agronomiques et bioingénieries (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : AGroécologie, Innovations, TeRritoires (Castanet-Tolosan, Haute-Garonne ; 2003-....) |
Etablissement délivrant conjointement le doctorat : Institut national polytechnique (Toulouse ; 1969-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Edward Gérardeaux |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Debaeke, Lionel Alletto, Michel-Pierre Faucon, Sophie Brunel, Sophie Plassin | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel-Pierre Faucon, Sophie Brunel |
Mots clés
Résumé
Le soja (Glycine max. (L.)) est une légumineuse d’été dont la graine riche en protéines est appréciée en alimentation humaine et animale. Avec le réchauffement climatique et le souci de réduire les importations de graines et de tourteaux, sa culture initialement limitée à l’Europe méridionale, s’est étendue plus au nord pour atteindre 1.36 millions d’ha en Europe (dont 182 000 ha en France – chiffres 2022). Une alternative pour augmenter la présence du soja dans les systèmes de culture est de cultiver cette légumineuse en double culture après une culture d’hiver là où la température et la ressource en eau le permettent. Ceci se traduit par un semis tardif de variétés précoces et le plus souvent par de l’irrigation de complément. La pratique de la culture dite « dérobée » n’est pas nouvelle mais elle pourrait se développer encore avec l’augmentation des températures contribuant ainsi à réduire la dépendance protéique et augmenter le revenu des agriculteurs.Cette thèse avait pour objectif d’évaluer la faisabilité et les potentialités de la double culture de soja en France en climat actuel et futur pour différents régimes hydriques, dates de semis et groupes de maturité (GM). Pour cela, une approche couplant expérimentation en conditions semi-contrôlée, expérimentation factorielle au champ et modélisation a été mise en œuvre.Dans un premier temps, les réponses à la température, à la durée du jour et à la disponibilité en eau ont été étudiées et quantifiées pour un panel de 10 variétés candidates à la double culture (GM 0000 à I), ce qui a permis de mettre en évidence l’existence d’une variabilité génétique peu caractérisée dans la littérature pour ces réponses. La réponse des variétés au dessèchement progressif du sol a été évaluée pendant 3 années (2021 à 2023) sur la plateforme de phénotypage Heliaphen de INRAE Auzeville. La réponse de la germination à la température a été étudiée en incubateur pendant 2 années pour déterminer les températures cardinales des génotypes étudiés. Elle a été complétée par une expérimentation en pots sur la plateforme Heliaphen en 2022, mettant en jeu plusieurs dates de semis de mars à juillet, pour étudier la réponse de ces génotypes à la photopériode et à la température.Ces méthodologies de phénotypage simples et reproductibles ont été proposées, évaluées et améliorées en vue de déterminer les réponses écophysiologiques et paramétrer deux modèles : (i) le premier, SPA (Simple Phenology Algorithm), développé par Schoving et al. (2020), en vue d’évaluer la faisabilité de la double culture de soja en France et (ii) le second, STICS (Brisson et al., 2003 ; Beaudoin et al., 2022), en vue de tester les rendements accessibles et la quantité d’irrigation nécessaire pour cette pratique.Une expérimentation au champ a été menée à Auzeville en 2022 couplant régimes hydriques et azotés pour 6 variétés de soja semées après la récolte de l’orge. Les données dynamiques de développement et de croissance complétées par un suivi des stocks d’eau et d‘azote du sol ont permis de calibrer le modèle STICS. Une base de données rassemblant la plupart des expérimentations menées par Terres Inovia et INRAE sur le soja en dérobé a permis d’évaluer le modèle avec une précision raisonnable.Enfin, la faisabilité et les potentialités du soja en double culture ont été explorées spatialement à l’échelle nationale en climat actuel et futur (RCP 8.5), pointant ainsi l’extension des zones favorables, illustrant la distribution des rendements accessibles avec ou sans irrigation et indiquant les besoins en eau associés.Cette démarche couplant étroitement expérimentation et modèle pourrait être reproduite dans d’autres contextes où se pose la question d’augmenter la contribution du soja en vue d’une plus grande autonomie protéique mais aussi de bénéficier des atouts agronomiques et environnementaux de cette légumineuse.