Thèse en cours

Spéciation, distribution et processus d'enrichissement des terres rares dans les phosphates sédimentaires

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 28/03/2024. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Clément Bonnet
Direction : Manuel Muñoz
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Géosciences
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 28/03/2024
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École Doctorale GAIA Biodiversité, agriculture, alimentation, environnement, terre, eau (Montpellier ; 2015-...)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : GM - Géosciences Montpellier
Jury : Président / Présidente : Delphine Bosch
Examinateurs / Examinatrices : Manuel MUñOZ, Mélanie Davranche, Jérôme Rose, Guillaume Morin
Rapporteur / Rapporteuse : Mélanie Davranche, Guillaume Morin

Résumé

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Indispensables à la production d'engrais phosphatés, les roches phosphatées sédimentaires (i.e. phosphorites) sont essentielles aux besoins alimentaires mondiaux croissants. Ces dernières peuvent contenir des teneurs significatives en terres rares (i.e. REE), considérées comme des métaux critiques et utilisées comme indicateurs géochimiques. Néanmoins dans les phosphorites, leur distribution, spéciation et processus d’enrichissements demeurent peu contraints et dissensuels. L’objectif de cette thèse est de mieux comprendre ces aspects dans les gisements de phosphorites Marocains. Ce travail porte sur 30 échantillons de phosphorites issus des bassins de Gantour et de Tarfaya situés au Maroc, et repose sur une approche multi-analytiques combinant : la pétrologie, la minéralogie et la géochimie des terres rares, à l’aide de méthodes telles que la microscopie optique, le MEB, la XRD, l’ICP-MS, l’ICP-OES, l’EDS et le LIBS ; et la spectroscopie des rayons X à l’aide de méthodes synchrotron, telles que la SXRF, le XANES, et l’EXAFS. L’yttrium sera sélectionné comme proxy des HREE, et le lanthane comme proxy des LREE. Les REE se trouvent principalement dans la fluorapatite et se distribuent de manière très hétérogène parmi les grains et à l’intérieur de ceux-ci, avec des concentrations locales allant d’une dizaine à plusieurs centaines de ppm. Les grains/zones les plus enrichis sont associés à une fluorapatite mésoporeuse, nano cristalline, enrichies en groupements CO32- remplaçant les PO43-. Ces enrichissements peuvent représenter près de la moitié du bilan total des REE. Les REE se substituent aux sites cristallographiques du calcium dans le réseau cristallin de la fluorapatite, en entrainant des distorsions significatives. Les LREE substituent préférentiellement le site Ca(1) tandis que les HREE substituent préférentiellement le site Ca(2). Dans leurs environnements atomiques directs, les REE se retrouvent association systématique avec les défauts carbonatés de type-B présents dans les cristaux de fluorapatite (i.e. CO32- remplaçant les PO43-). La substitution hétérovalente REE3+-Ca2+ s’équilibre par la formation de lacunes Ca et O et des substitutions couplées pouvant impliquer, le Na+ ou le F-. Concernant les processus d’enrichissements, la nano-cristallinité et la mésoporosité des grains de fluorapatite favorisent une plus grande surface réactive et le développement d’une couche hydratée favorisant les échanges fluide-solide. La croissance épitaxiale de l’apatite à partir cette couche hydratée incorpore quantitativement les ions CO32- , REE3+, REE(CO3)2- et REE(CO3)+ disponibles dans l’eau de mer/eau interstitielle, permettant leurs équilibres de charges dans le solide. La phosphatogenèse au niveau de la SWI (i.e. interface eau sédiment) fait coïncider une cinétique lente de cristallisation de carbonate-fluorapatite nanocristalline, aux teneurs maximales en REE dissoutes retrouvées dans la colonne sédimentaire fraîche. Un processus de vannage des grains peut aussi avoir lieu, et avoir pour conséquence le maintien des grains de fluorapatite dans la zone proche de la SWI, intervalle ou les facteurs d’enrichissements sont réunis. Les résultats obtenus au cours de cette thèse constituent une avancée dans la compréhension de la cristallochimie des REE et de leurs enrichissements dans les phosphorites, et tout particulièrement dans la fluorapatite carbonatée. Les résultats obtenus ouvrent plusieurs pistes à explorer, des études similaires pourraient être étendues à d’autres matériels apatitiques tels que les dents, les os fossilisés ou les sédiments océaniques profonds ; ou sur d’autres éléments traces sensibles aux conditions d’oxydoréduction/pH, tels que l’uranium ou le cérium