Barrières linguistiques dans le contexte du dépistage rapide du VIH, du VHB et du VHC : la réalité, les défis et le développement d'une application pour promouvoir le dépistage
Auteur / Autrice : | Carter Brown |
Direction : | Olivier Chassany |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Épidémiologie |
Date : | Soutenance le 05/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris Cité |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Epidémiologie clinique et évaluation économique appliquées aux populations vulnérables (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Daniela Rojas Castro |
Examinateurs / Examinatrices : Annie Velter, Gabriel Girard | |
Rapporteur / Rapporteuse : Renaud Becquet, Roch Giorgi |
Mots clés
Résumé
Les migrants sont des populations vulnérables qui ont souvent un accès limité aux services de santé dans leur pays d'accueil. Dans le cadre de l'obtention d'un titre de séjour, les migrants doivent se soumettre à une consultation médicale auprès de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII). Lors de cette consultation, les professionnels de santé proposent, de manière facultative et confidentielle, des tests de diagnostic rapide (TDR) pour le VIH, le virus de l'hépatite B (VHB) et le virus de l'hépatite C (VHC). Des recherches antérieures ont montré que les prestataires de soins de santé omettent parfois de proposer ces TDR et/ou que les migrants refusent cette possibilité de dépistage, en grande partie à cause de la barrière de la langue et de et de la peur erronée de conséquences sur l'obtention de leur permis de séjour. Il n'existe actuellement aucune recherche dans le contexte francophone sur le développement d'un outil de communication permettant de surmonter les barrières linguistiques afin de promouvoir les TDR. Des recherches suggèrent que les migrants sont plus à risque de contracter l'un de ces trois virus à leur arrivée en France. L'efficacité des outils d'éducation à la santé favorisant le dépistage rapide des allophones en France n'a pas encore été étudiée, ce qui démontre qu'il ne s'agit pas d'une priorité de santé publique en termes d'accès à la prévention. Afin de promouvoir le TDR en surmontant les barrières linguistiques, cette thèse vise à documenter et à répondre à trois objectifs principaux : 1) étudier les problèmes associés aux méthodes d'interprétation utilisées dans le contexte du TDR, 2) comprendre la perception des soignants d'un outil numérique conçu pour promouvoir le TDR malgré la barrière de la langue, et 3) développer une application pour promouvoir et réaliser le TDR. L'intégralité de mon travail de thèse a reposé sur l'utilisation de plusieurs méthodes qualitatives qui m'ont permis d'obtenir des données entre 2020 et 2023. Les participants étaient des migrants qui se sont rendus à leur consultation médicale à l'OFII et des professionnels de santé qui ont une expérience de la réalisation de TDR en France. Ces professionnels de santé travaillent dans le secteur public, privé et associatif en France. Les entretiens semi-structurés et les données des focus groups Ont été analysés à l'aide d'une approche inductive générale et d'une analyse thématique. J'ai également mené une enquête Delphi modifiée auprès d'un panel d'experts et effectué des tests cognitifs auprès des utilisateurs pour répondre à mes objectifs de recherche. Mes recherches ont démontré que les méthodes d'interprétation traditionnelles, formelles et informelles, visant à établir la concordance de la communication dans la relation patient-fournisseur, présentent plusieurs défauts et limites. Le manque de concordance dans la communication fait que les migrants ratent des occasions de se faire dépister pour le VIH, le VHB et le VHC. Les soignants sont favorables au développement d'un outil numérique pour promouvoir le TDR dans notre population cible. J'ai également pu obtenir un consensus d'experts sur le contenu à inclure dans une application destinée à la fois aux migrants et aux prestataires de soins de santé afin de promouvoir et d'effectuer des TDR. Ces données ont favorisé le développement d'une application multilingue à double interface qui a été testée auprès de futurs utilisateurs finaux pour promouvoir le dépistage. Ces résultats mettent en lumière les difficultés d'établir une concordance linguistique pour promouvoir le dépistage des maladies infectieuses chez les migrants. Ils montrent également comment un ensemble de méthodes qualitatives peut être utilisé pour comprendre le problème, conceptualiser et finaliser une solution, et tester cette solution.