Frontières et lacs naturels européen : gestion et représentation d'une frontière limnique partagée. Etude comparée du lac Peïpous (Estonie/Russie) et du lac Léman (France/Suisse)

par Julien Gautier

Projet de thèse en Géographie

Sous la direction de Pascal Bartout et de Laurent Touchart.

Thèses en préparation à Orléans , dans le cadre de Sciences de la Société : Territoires, Economie, Droit - SSTED , en partenariat avec CEDETE - Centre d'Études pour le Développement des Territoires et l'Environnement (laboratoire) depuis le 01-09-2020 .


  • Résumé

    La géopolitique porte beaucoup d'intérêts à la question de l'eau en termes de questionnement sur les ressources, le partage. La dimension conflictuelle apparaît très présente dans des études sur des espaces maritimes ou sur des lacs artificiels. Cependant, elle pose plus difficilement la question de la gestion d'un lac naturel et notamment dans le cadre d'un lac transfrontalier. Par le prisme des travaux autour du territoire limnique (L. TOUCHART et P. BARTOUT), les lacs transfrontaliers amènent à des questionnements sur le partage mais également l'utilisation et la représentation des populations par rapport à leur espace limnique proche. L'exemple central de ce projet de thèse repose sur le cas du lac Peïpous, entre l'Estonie et la Russie, où la dimension politique et culturelle côtoie les questionnements limnologiques. De par une histoire trouble de plusieurs siècles entre les deux pays, marquée encore récemment par des tensions mémorielles encore vives, la place du lac Peïpous dans les relations internationales et locales entre ces deux pays amène à approfondir l'intérêt du concept de 'territoire limnique' en tentant d'y intégrer une dimension géopolitique forte. Le modèle du lac Peïpous sera complété par d'autres lacs transfrontaliers européens, amenant à des problématiques différentes. Dans le cas du lac Léman, la gestion et la représentation du lac amènera à adopter un regard sur la réussite des accords juridiques dans l'aménagement et la circulation de ce lac. D'autres exemples pourront être choisis en fonction des modèles, notamment le lac de Constance ou les lacs frontaliers arméniens. Dans tous les cas étudiés, l'hydropolitique apportera un regard en lien avec les principaux textes juridiques européens (Directive Cadre Européenne sur l'eau) et permettra de proposer des modèles de gestion différenciés des exemples maritimes européens. Ces travaux en hydropolitique des lacs naturels, à l'image des travaux de Philippe PONDAVEN, amèneront à confronter une dimension juridique précise, résultat de l'histoire et de décisions politiques, parfois conflictuelles, à ces activités, propres aux communautés locales. Une mise à jour de ces travaux, incluant la dimension du changement climatique, permettra d'élargir le spectre de réflexion autour des plans d'eau transfrontaliers. De fait, la gouvernance de l'eau, notion en plein essor, permet de montrer l'importance des acteurs institutionnels mais sera complétée par les décisions des populations utilisatrices du lac. D'un conflit ayant parfois une naissance et des conséquences internationales s'associent aussi des accords ou des tensions propres aux communautés locales et que l'on peut retrouver dans des accords de coopération transfrontalière à contre-courant de la donne géopolitique mondiale. Une approche multiscalaire, allant de la grande à la petite échelle, donnera une centralité aux populations afin de montrer la diversité des situations et éviter de limiter les raisonnements à ce que les relations internationales nous parlent. La prise en compte des dimensions environnementales, notamment sur la qualité de l'eau, constituera un prolongement au regard juridique et géopolitique, correspondant particulièrement aux attentes contemporaines des utilisateurs de la ressource.

  • Titre traduit

    Borders and european natural lakes : management and representation of a shared limnic border. Comparative study with the Peipus Lake (Estonia/Russia) and Leman (France/Switzerland)


  • Résumé

    Geopolitics is very concerned with the issue of water in terms of questioning resources, sharing. The conflictual dimension appears very present in studies on maritime spaces or on artificial lakes. However, it raises the more difficult question of the management of a natural lake and in particular within the framework of a transboundary lake. Through the prism of work around limnic territory (L. TOUCHART and P. BARTOUT), cross-border lakes lead to questions about the sharing, but also the use and representation of populations in relation to their nearby limnic space. The central example of this thesis project is based on the case of Lake Peipus, between Estonia and Russia, where the political and cultural dimension rubs shoulders with limnological questions. Due to a murky history of several centuries between the two countries, marked until recently by still strong memorial tensions, the place of Lake Peipus in international and local relations between these two countries leads to deepening the interest of the concept of 'limnic territory' by trying to integrate a strong geopolitical dimension. The Lake Peipus model will be supplemented by other European transboundary lakes, leading to different issues. In the case of Lake Geneva, the management and representation of the lake will lead to adopting a view of the success of legal agreements in the development and flow of this lake. Other examples may be chosen depending on the models, such as Lake Constance or the Armenian border lakes. In all the cases studied, hydropolitics will provide a look in connection with the main European legal texts (European Framework Directive on water) and will make it possible to propose management models differentiated from European maritime examples. These works in hydropolitics of natural lakes, like the works of Philippe PONDAVEN, will bring to confront a precise legal dimension, the result of history and political decisions, sometimes conflicting, to these activities, specific to local communities. An update of this work, including the dimension of climate change, will broaden the spectrum of reflection around transboundary bodies of water. In fact, water governance, a rapidly growing concept, makes it possible to show the importance of institutional stakeholders but will be supplemented by the decisions of the populations using the lake. A conflict sometimes having an international origin and consequences is also associated with agreements or tensions specific to local communities and which can be found in cross- border cooperation agreements that go against the grain of global geopolitics. A multiscalar approach, ranging from large to small scale, will give centrality to populations in order to show the diversity of situations and avoid limiting reasoning to what international relations speak to us. Taking into account environmental dimensions, in particular, water quality, will constitute an extension from a legal and geopolitical point of view, corresponding particularly to the contemporary expectations of the users of the resource.