Thèse en cours

Le concept de santé à l'heure de la génomique.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Arounan Ouedraogo
Direction : Pascal NouvelEric Vilain
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2020
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (2018-.... ; Centre-Val de Loire)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Education Ethique Santé

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Le projet de cette thèse, consiste à analyser les reconfigurations contemporaines du concept de santé à cette heure fortement marquée par les phosphorescents développements induits des recherches biomédicales contemporaines lesquelles traduisent l'élection du concept de santé comme un fait spécifiquement marquant de notre modernité biomédicale actuelle : la révolution génomique. Elle interroge aujourd'hui tous les praticiens de santé parce qu'elle illustre, avec la médecine personnalisée, ce qu'on pourrait appeler le nouveau paradigme des recherches biomédicales contemporaines. Mais comme le relève l'épidémiologiste et biostatisticien britannique Bradford Hill (1987-1991) toute recherche médicale intègre deux questions : Qu'est-ce qui ne va pas que l'on veuille améliorer, et que peut-on y faire ? Autrement dit le progrès médical est d'abord et avant tout une participation de l'homme par la technique ou une participation de la technique devers l'homme qui implique une exaltation de la santé voire l'affirmation d'un santéisme. La révolution génomique bouleverse notre conception de la santé (absence de la maladie) et de la pathologie (présence de la douleur) en nous amenant vers une nouvelle conception de « santé physique » ou de « santé mentale » totalement décolérée de la douleur ou de la souffrance. Autrement dit, la santé pourrait être redéfinie à l'instar de la physique de la matière, comme une simple disposition de l'individu ou une prédisposition même des cellules. Ceci pose une question fondamentale : à quel stade repérer les critères de santé et de maladie ? Est-on malade depuis toujours, avec tous les problèmes que pose le diagnostic anténatal ? Quels sont les critères de la maladie sachant que l'expression du génome dépend aussi dans certains cas de l'environnement et de l'histoire ? Plus fondamentalement, comment considérer le maintien d'une santé que l'on sait précaire même en l'absence de symptômes ? D'ailleurs, que faire des découvertes incidentales lors d'un séquençage à haut débit ? Dans la nouvelle donne génomique, la santé et la maladie sont autrement définies et soumises à de nouvelles lois qui remettent en cause l'empirisme immédiat de la douleur et de la souffrance. Elle ouvre ainsi la voie d'une nouvelle approche du vivant moins chaotique en raison de toutes les connaissances possibles que renseignent le génome humain et plus problématique du fait que ces connaissances à l'échelle du génome restent pour ainsi dire réductionnistes : en quoi alors, cette nouvelle appréhension est-elle plus proche du vivant ? Ne serait-ce pas au contraire un éloignement dans l'appréhension du vivant et une proximité nouvelle de complexité ? La génomique reconfigure le concept de santé et en donne une définition tout à fait décolérée de la douleur ou de l'état physiologique mesurable. Cela permet de voir que la santé ne résulte nullement d'un état de capacité fonctionnelle et la maladie d'un état d'incapacité comme le veut Nordenfelt, mais qu'elles seraient plus tôt l'expression de dispositions ou de prédispositions de l'individu. Ce problème nous conduit d'emblée à adopter une position épistémologique non permissive, mais assez restrictive quant aux nouvelles technologies allant des big data à la médecine personnalisée en passant par la génomique. Ces techniques donnent-elles réellement du sens aux concepts de « santé » et ou de « maladie », en faisant du premier (la santé) une condition humaine prioritaire ou les réduisent-elles à de simples « mots » ? En résumé, qu'est-ce que la médecine génomique a de véritablement stimulant et fascinant à nous dire et en quoi donne-t-elle autrement à penser le concept de « santé » aujourd'hui ?