Thèse en cours

Habiter la crise, bricoler la ville : une géographie du logement dans La Havane socialiste

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Auteur / Autrice : Laurine Chapon
Direction : Sébastien Velut
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Géographie, Aménagement et Urbanisme
Date : Inscription en doctorat le 31/10/2020
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche et de documentation sur les Amériques

Résumé

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Cette thèse analyse dans une perspective critique les ressorts et modalités de la "crise" du logement à Cuba. Il s’agit de comprendre comment s’est produite la capitale cubaine depuis ses habitant.es, à rebours d’une vision qui ferait de l’État le seul acteur de la fabrique de la ville. L’entrée par les trajectoires résidentielles permet de souligner les différentes formes d’agentivité des citadin.es et les stratégies déployées pour se loger, en analysant parallèlement les politiques publiques du logement et leur influence sur les mobilités résidentielles depuis 1960. L’approche biographique et la collecte de récits de vie permet de souligner l’importance du cadre et des ressources familiales dans la gestion et l’élaboration des stratégies résidentielles. Le logement est une affaire de famille et cette thèse en analyse les modalités. Une seconde approche par les matérialités permet de réfléchir aux formes de la ville dans le contexte cubain. Si l’auto-construction est présente dans la métropole havanaise et connaît aujourd’hui un essor, la densification par l’intérieur, via des aménagements, rénovations et restaurations successives au sein des logements hérités, marquent profondément la fabrique urbaine. Ces modes originaux de production de l’espace sont d’autant plus intéressants qu’ils se déroulent dans un contexte de pénurie (notamment des matériaux de construction) lié à l’embargo et soulignent l’inventivité des Cubain.es, tant dans les formes architecturales vernaculaires que dans les stratégies d’approvisionnement des ressources. La thèse se concentre sur trois quartiers de La Havane, Alamar, Regla et Campo Florido, correspondant à différentes étapes et modes de la production de la ville et permet de rendre compte des évolutions de la société cubaine et des interactions complexes qui lient les citoyen.es et l’État. Le développement de La Havane, qui semble s’être conduit à rebours des autres métropoles latino-américaines (faible croissance démographique, extension urbaine quasi nulle depuis 1960, interdiction du marché immobilier jusqu’en 2011, limitation des investissements étrangers...), invite également à réfléchir à d’autres modèles de développement et de production de la ville. Une approche croisant stratégies résidentielles, pratiques habitant.es et analyse des cultures matérielles et des formes de l’habitat permet de rendre compte de l’inventivité des citadins, toujours encadrées par des contraintes structurelles importantes. Elle invite aussi à sortir de l’exceptionnalisme cubain pour souligner des dynamiques communes à la fabrique urbaine de nombreux espaces des Suds. La thèse s’appuie sur une enquête ethnographique longue réalisée à Cuba entre 2021 et 2023 et sur la récolte de récits de vie et de « biographies » de logements à La Havane.