Thèse soutenue

Impact des fronts sur le phytoplancton dans la région du Gulf Stream quantifié par imagerie satellitaire

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Auteur / Autrice : Clément Haëck
Direction : Marina LévyLaurent Bopp
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Instrumentation, télédétection, observation et techniques spatiales pour l'océan, l'atmosphère et le climat
Date : Soutenance le 04/07/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de l'environnement d'Île-de-France (Paris ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (Paris ; 2005-....)
Jury : Président / Présidente : Pascale Bouruet-Aubertot
Examinateurs / Examinatrices : Élodie Martinez, Daniele Iudicone
Rapporteurs / Rapporteuses : Aida Alvera Azcarate, Hubert Loisel

Résumé

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À la base de la chaîne trophique dans les océans se trouve le phytoplancton: un ensemble de micro-organismes créant de la matière organique à partir du carbone dissous, de nutriments, et de lumière. Les courants océaniques affectent la croissance du phytoplancton de différentes manières. En particulier, les structures (dites de submésoéchelle) à des échelles comprises entre 1 et 10 km, et évoluant sur des temps caractéristiques allant du jour à la semaine, jouent un rôle important pour le paysage biogéochimique des océans. Du fait de leur taille et leur temps de vie caractéristiques réduits, elles sont cependant difficiles à observer -à la fois par mesures in situ et par satellite- et à représenter correctement dans les modèles numériques. Nous nous penchons sur deux effets des fronts de densité à ces échelles. Ces derniers génèrent des circulations secondaires verticales, dont la branche ascendante peut remonter des nutriments depuis les eaux profondes vers les eaux ensoleillées de surface. Cet apport local de nutriment, et l'augmentation de productivité qui s'ensuit, a largement été observé, mais la quantification de son impact global n'est pas encore bien établi. Ces fronts tendent également à favoriser, toujours localement, la restratification des eaux de surface. Des modèles numériques ont montré que ce processus pouvait occasionner des blooms printaniers plus précoces. Dans cette thèse, nous utilisons 20 années d'images satellitaires afin de mieux quantifier ces effets dans la région entourant le Gulf Stream. À partir de la température de surface satellite (SST) nous calculons un indice d'hétérogénéité (HI) afin de détecter les fronts, et les séparer en fronts faibles (ceux de submésoéchelle, éphémères) et fronts forts. Nous séparons la région en trois biomes: subtropicaux permanent et saisonnier, et subpolaire. Nous comparons les valeurs de chlorophylle-a (Chl-a) à l'extérieur et dans les fronts (faibles et forts). Nous constatons que les fronts faibles sont associés à un excès local de Chl-a moins important que les fronts forts, mais du fait de leur ubiquité le surplus de Chl-a qu'ils induisent à l'échelle du biome est comparable. L'excès local de Chl-a dans les fronts est 2 à 3 fois plus important dans le biome subpolaire que dans la région oligotrophe. Malgré des impacts spectaculaires à l'échelle locale, avec des augmentations jusqu'à de +60%, l'effet des fronts à l'échelle régionale (i.e. des biomes) est plus modeste, atteignant au maximum +5%. Enfin, nous mesurons les différences dans les jours de démarrage du bloom et dans sa durée, entre les fronts et l'arrière-plan, et fournissons ainsi la première quantification par observation de cet effet. Nous constatons que la durée du bloom n'est pas significativement affectée, mais que le bloom démarre plus tôt dans les fronts, d'une à deux semaines. Ces résultats approfondissent la quantification des impacts des courants de fines échelles sur la biogéochimie, aidant ainsi à cerner les processus déterminants et à mieux contraindre les modèles climatiques encore sujets à de fortes incertitudes en cette matière. Ce travail soulève plusieurs points clés dans l'établissement de cette quantification. Nous nous sommes uniquement penchés sur la Chl-a totale, sans examiner les réponses des différents groupes de phytoplancton, dont l'obtention des concentrations individuelles par satellite est possible. Par ailleurs, nous avons montré les contrastes régionaux existants dans une zone relativement réduite, et les difficultés liées à la découpe en biorégions homogènes. L'extension de ces résultats à d'autres régions et à l'échelle globale constitue cependant une étape future dans cet effort de quantification globale. Nous soulignons donc les défis techniques que ces perspectives impliquent, certains que nous avons rencontré dans cette étude, mais aussi les solutions que nous y avons opposées, et celles que nous pensons importantes à implémenter dans un futur proche.