L'Europe en rail. L'intégration européenne et la gouvernance ferroviaire.
Auteur / Autrice : | Shengyuan Luo |
Direction : | Yves Surel |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Inscription en doctorat le 31/10/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris-Panthéon-Assas |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Georges Vedel Droit public interne, science administrative et science politique (Paris ; 1992-....) |
Mots clés
Résumé
Comment les institutions politiques développent-elles et déploient-elles leur pouvoir sur le territoire? Et comment la portée spatiale du pouvoir politique rattrape-t-elle son imaginaire territorial? Telles sont les questions qui se posent à de nombreux régimes émergents. Dans ces derniers, le nouveau territoire est superposé avec l’ancien et les frontières administratives internes maintenues alors que leur capacité territoriale n'est pas encore établie. Avec les frontières administratives internes et la persistance du pouvoir local, les institutions décisionnelles dépendent des autorités locales pour déployer les décisions, exécuter les politiques et asseoir leur pouvoir. Le transport transfrontalier est l'un des secteurs politiques les plus difficiles pour ces institutions émergeantes. La résistance persistante des autorités locales est devenue un obstacle majeur dans la mise en œuvre des politiques ferroviaires, en termes de la standardisation technique, de l’harmonisation du cadre réglementaire et de la coordination des acteurs dans l'administration et l’opération. Néanmoins et malgré toutes les difficultés rencontrées, les institutions émergentes interviennent continuellement dans le secteur et élaborent de nouveaux projets de réseaux d'infrastructures sur de vastes zones géographiques. En ce sens, le réseau ferroviaire à grande vitesse (LGV) est l'un des projets les plus ambitieux et les plus remarquables des dernières décennies, ces infrastructures transfrontalières relient non seulement différentes régions géographiques mais organisent également un espace unifié pour les actions publiques et le pouvoir politique. Cette recherche vise à interroger la construction de réseaux ferroviaires transfrontaliers à grande vitesse au sein de l'Union européenne après ses récents élargissements. La construction de réseaux LGV traversant les frontières internes est considérée comme stratégique et se heurte aux obstacles locaux. Dans l'UE, neuf corridors constituent la partie ferroviaire du Réseau Trans-Européen de Transport (TEN-T). Bien que l'Accord de Schengen ait déjà atténué l'impact des frontières intérieures sur la mobilité des personnes et marchandises et que d'autres modes de transport aient été développés pendant ce temps, les réseaux ferroviaires et leurs services voyageurs nationaux n'ont pas encore été connectés sur le continent. Les objectifs politiques fixés par les bureaucrates européens ne sont non plus atteints. La raison souvent formulée de cette difficulté dans la réalisation des projets ferroviaires est le manque de financement, un problème commun au secteur. Mais les raisons profondes sont plutôt institutionnelle et administrative que financière : soit parce que les acteurs publics ont un rôle dominant à jouer et à préserver dans le secteur, soit parce qu'aucun plan réalisable ne peut être atteint par les différentes parties. Autrement dit, il existe un décalage entre le rôle des institutions politiques dans la fabrique des politiques et leurs capacités véritables dans la mise en œuvre de ces décisions.