Su et insu de l’agir violent : dynamique du lien conjugal pathologique
Auteur / Autrice : | Katia Mouillot |
Direction : | Marie-José Grihom, Élise Pelladeau |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 10/09/2020 Soutenance le 16/11/2023 |
Etablissement(s) : | Poitiers |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du langage, psychologie, cognition, éducation (Poitiers ; 2018-2022) |
Résumé
Cette thèse s’inscrit dans l’approche référentielle psychanalytique pour analyser les violences conjugales et ses processus du point du vue du sujet auteur qui exerce sa propre violence dans l’intime. Nous avons choisi cette approche car elle permet de révéler à la fois le su et l’insu de l’agir violent : pour le su au sens du subjectif, de la subjectivation et de ses processus, tout comme l’insu, c’est-à-dire ce qui n’est pas accessible à la conscience du sujet et qui n’est, pour le moment, pas subjectivé. L’autre dimension de notre travail de thèse vise à explorer, toujours du point de vue du sujet auteur, la dynamique de son lien conjugal pathologique afin d’en saisir tant les logiques intrapsychiques du sujet auteur que de ses logiques intersubjectives (au sens de René Kaës) prises et nouées dans son lien conjugal que nous pensons être pathologique. En ce sens, nous avons construit une méthodologie originale et rigoureuse en terrain pénitentiaire par une recherche-action de deux ans auprès de sujets condamnés par la justice. Nous avons élaboré une prise en charge clinique et psychothérapeutique de nature psychanalytique et pluridisciplinaire soutenue par un dispositif dit bimodal, inspiré de la clinique pénitentiaire d’André Ciavaldini et que l’on pense ici auprès de sujets auteurs de violences conjugales. Notre objectif est de mesurer les effets de la prise en charge psychanalytique proposée aux sujets sur la subjectivation. Pour y répondre, nous avons dégagé une hypothèse théorique que nous avons déclinée en trois hypothèses de travail et une série d’hypothèses opérationnelles. Notre échantillon clinique de 14 sujets rencontrés sur deux antennes différentes d’un Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) nous a permis de composer deux groupes équivalents. Ces sujets de notre échantillon avaient commis des violences le plus souvent « ordinaires » au sens de Roland Coutanceau et parfois extrêmes au sens du meurtre, agissant tantôt pour certains, de manière répétée, des violences dites « habituelles » au sens de la loi, parfois en récidive, tantôt des violences isolées dans le cadre d’une primo-condamnation avec un premier agir. Nous avons rencontré ces participants lors de 5 rencontres individuelles pour chacun et de 12 séances groupales pour chaque groupe. Nous avons mobilisé les outils de l’entretien semi-directif sur le vécu, l’agir violent et le lien (évaluation en début et en fin de dispositif), le génogramme psychanalytique en test-retest, les épreuves projectives du Rorschach et du TAT, ainsi qu’un appui sur le Photolangage® pour l’ensemble des séances groupales comme support de médiation pour l’élaboration psychique et la symbolisation. Nos premiers résultats aux épreuves projectives nous ont permis de retenir deux sujets pour centrer le travail de cette thèse autour de l’imago féminine et de l’objet d’amour qui était attaqué, qu’elle qu’en soit la victime. Nos analyses nous ont permis de révéler des fragilités tant narcissiques que symbolisantes et subjectives dans le sens de la littérature explorée. Nos résultats nous permettent de penser que le dispositif clinique bimodal produit des effets subjectivants et tiercéisants chez les sujets auteurs de violences conjugales, effets susceptibles de modifier leur rapport à l’acte violent dans leur lien conjugal. Nous en concluons qu’une telle prise en charge qui serait pertinente pour la prévention de la récidive violente sur le terrain.