Construction de la littératie numérique des enseignants d’anglais du supérieur : intérêts et limites de la construction d’une communauté d’enquête exploitant le modèle du savoir techno-pédagogique disciplinaire(STPD)
Auteur / Autrice : | Veronique Hespert |
Direction : | Anne-marie O'connell |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2020 |
Etablissement(s) : | Université de Toulouse (2023-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Arts, Lettres, Langues, Philosophie et Communication (ALLPH@) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : EFTS - Education, Formation, Travail, Savoirs (UMR-MA 122) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Si l’on considère la littératie comme étant un savoir particulier allié à un savoir-faire dans le cadre de l’enseignement-apprentissage, la définition s’applique de facto au numérique. S’agissant de l’intégration du numérique dans l’enseignement-apprentissage des langues vivantes à l’université, elle est ressentie par les enseignants comme, d’une part, une exigence ou une contrainte institutionnelle et, d’autre part, comme un savoir-faire en liaison avec l’utilisation d’un outil. En revanche, il n’y a pas de réflexion sur le numérique comme savoir en tant que tel. Ce qui est opéré, en effet, est une transposition des approches didactiques à l’utilisation d’un outil « autre » et singulier. Comment alors faire en sorte que les spécificités et les caractéristiques des savoirs numériques génèrent une transformation des pratiques et comment faire émerger ce savoir dans une communauté professionnelle que sont les enseignants de langue dans le supérieur ? Cette démarche réflexive pour être acceptée ne peut se réduire à une injonction institutionnelle, ni à une recherche réalisée ex-situ. Dans la mesure où tout changement des pratiques n’intervient que par une démarche collective, la dimension communautaire d’un tiers-lieu qui rend favorables la réflexion et la genèse des savoirs a toute sa légitimité. La communauté d’enquête (ou « community of investigation ») telle que définie par Garrison et Akyol (2015) peut possiblement être le dispositif collaboratif permettant le développement de cette littératie numérique. Comme Garrison et Archer (2000) le notent, « la construction du sens peut découler d’une réflexion individuelle, mais les idées sont générées et les connaissances construites par le processus collaboratif et de confirmation d’un dialogue soutenu au sein d’une communauté d’apprenants ». Ces réflexions préliminaires sont au cœur de ce projet doctoral. Celui-ci a pour objectif de questionner la construction de la littératie numérique des enseignants d'anglais du supérieur à travers le prisme des dimensions disciplinaires, épistémologiques personnelles, des connaissances pédagogiques et des connaissances technologiques telles que modélisées par Bachy (2014). Elle s’attache également à vérifier si d'une part, l’usage des outils numériques est influencé par la discipline, le style d’enseignement, le style d’apprentissage de l’enseignant et son rapport épistémologique au savoir (Colet & Berthiaume, 2009), mais aussi, si les fantasmes et les croyances que le numérique révèle peuvent être questionnés dans le cadre d'une réflexion collective et d'un travail collaboratif au sein d'une communauté d'enquête. En empruntant à l’anthropologie culturelle la notion d’expériences normatives situées (Cometti, 2004 ; Chaliès ., 2012), on comprendra que la notion de communauté de réflexion autour de l’intégration du numérique éducatif pour les enseignants d’anglais du supérieur peut générer les savoirs et favoriser le développement de la littératie numérique de ce public. Dans le cadre de cette recherche, il ne s’agira pas de créer une « communauté de pratiques » qui se fonderaient sur les pratiques communes d’un groupe, mais on empruntera plutôt à la philosophie éducative pragmatiste de Dewey et à la théorie de la pensée collaborative de Garrison et Anderson (2003) les éléments constitutifs d’une « communauté d’enquête » pour une approche fertile de la confrontation des pratiques, des croyances et des savoirs des acteurs, engagés dans une activité et une réflexion conjointes prenant leur source dans la complémentarité variée et hétéroclite des pratiques afin de réaliser « des activités conjointes finalisées et dotées de représentations qui seront progressivement partagées. » (Orly-Louis, 2001).