Thèse soutenue

La grandeur patronale : ethnographie des engagements et des sociabilités de chefs d'entreprise dans des groupements patronaux à Amiens et dans sa périphérie
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Auteur / Autrice : Sophie Louey
Direction : Fabrice GuilbaudMichel Offerlé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 08/01/2021
Etablissement(s) : Amiens
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre universitaire de recherches sur l'action publique et le politique, épistémologie et sciences sociales (Amiens ; 1971-....)
Jury : Président / Présidente : Céline Bessière
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Lehingue
Rapporteurs / Rapporteuses : Valérie Boussard, Hélène Michel

Mots clés

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Résumé

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Cette thèse s'inscrit au croisement d'une sociologie des élites, d'une sociologie du patronat et d'une sociologie de la socialisation. Elle porte sur les engagements et les sociabilités de patrons au sein d'un espace patronal localisé (Amiens et sa proche périphérie).L'enquête de terrain (2011-2016) se fonde principalement sur une ethnographie de groupements patronaux et des entretiens biographiques menés avec des patrons (n=90) et des salariés patronaux (permanents d'organisations patronales) (n=19). Ces données sont complétées par l'exploitation de documents (presse locale, presse spécialisée, publications sur les réseaux sociaux) et d'archives de la Chambre de Commerce et d'Industrie (CCI). La thèse propose de porter attention aux trajectoires des patrons qui s'engagent dans un espace patronal localisé. Il est alors utile de distinguer les patrons héritiers (repreneurs et créateurs) et les patrons non héritiers (repreneurs, créateurs et recrutés). Tandis que certains patrons franchissent la barrière de l'espace local avec aisance (les héritiers), d'autres peinent davantage à le faire, voire n'y parviennent pas (les non héritiers). Le franchissement de la barrière est largement déterminé par des logiques de cooptation qui lui prévalent. L'analyse de la composition de l'espace patronal local donne à voir une nébuleuse de collectifs (institutions légales et structures syndicales ; représentations spécialisées ; clubs d'entreprise à la sociabilité bourgeoise). Ces groupes, s'ils s'organisent de différentes façons et autour d'objectifs plus ou moins ciblés, sont des espaces d'entre soi social où l'on apprend à jouer son rôle de patron. Cette socialisation à la position patronale passe par le respect de certaines normes en matière de bienséance ou encore de présentation de soi. Ce milieu social est régi par une norme de "grandeur patronale". Celle-ci repose sur un ensemble d'attributs inégalement possédés par les patrons. Si certaines ressources sont fixes, d'autres peuvent être gagnées ou perdues. La hiérarchie de la grandeur patronale joue tout à la fois comme une norme et comme un idéal que les patrons tentent d'atteindre. Le "bon" patron est alors une figure censée ne pas être un héritier (ou qui ne soit pas réduit à ce statut), mais être un "créateur" qui doit prendre des risques et employer des salariés. Il est aussi celui qui s'investit et s'engage dans des collectifs patronaux et dans des instances de représentation patronale. C'est ainsi que se dessinent parfois des "carrières de représentation patronale", qui peuvent aussi concerner des salariés patronaux, véritables chevilles de ce travail de représentation et d'organisation des mobilisations patronales, qu'une analyse de la campagne insolite des élections 2016 à la CCI d'Amiens-Picardie vient parachever