La Poétique du Chaos dans Terra Nostra de Carlos Fuentes
Auteur / Autrice : | Gerald Desert |
Direction : | Caroline Lepage |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Langues, littératures et civilisations romanes : Espagnol |
Date : | Inscription en doctorat le 04/12/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, spectacles |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Etudes Romanes |
Mots clés
Résumé
La Poétique du chaos de Fuentes est un postulat empirique qui me permet de convoquer la Poétique d'Aristote (l'occidentalité) du fait de la transmodernité que convoque le Nouveau roman latino-américain. Quels sont les écarts théoriques entre la Poétique d'Aristote et celle de Fuentes ? On s'intéressera à savoir aussi outre la Poétique d'Aristote, quels sont les autres discours qui fondent la poétique fuentésienne ou qui déterminent la trajectoire de pensée de Fuentes afin de mieux mesurer les écarts? Les différentes situations (espace-personnages-temps) présentées dans les romans et contes de Fuentes, traitent d'intraréalité ou plutôt de ce que je nomme l'infraréalité. La réalité du chaos, n'est pas de l'ordre sotériologique (doctrine du salut) car, elle ne poursuit pas un but salvifique. C'est le chaos comme point de départ de tous les possibles qui est envisagé et non le chaos aporétique. On est dans la logique du «¡jodido, pero contento!» ou de «lo que hay que hacer, es no morirse», comme aiment à le répéter les Mexicains. Le chaos fuentésien, pour ainsi dire, est à mettre en relation avec le plan culturel et cultuel voire mythologique de l'ancestralité amérindienne. Il y a transfluence mythologique celée dans le croisement des récits de Fuentes en ce sens qu'il universalise son roman dans une approche diversalisante des mythes occidentaux/mexicains et de sa représentation du sacré (supersyncrétisme), qu'il « transnationalise tout en les régionalisant » . Aussi, théorise-t-il son esthétique, nourrie de la théorie aristotélicienne , dans une forme de poétique que l'on pourrait désigner comme poétique du chaos palpable par ses traits catégoriels et spécifiques tels que l'humour noir, la dimension carnavalesque, l'éloge de la folie, l'ironie, la démystification de la mort, l'inversion des normes, de hiérarchie propre du grotesque, jeux avec les normes linguistiques, jeux de mots, jeux sur les conventions littéraires la désintégration des systèmes, l'ambigüité sémantique (l'usage de l'albur), agonistique langagière, temps spiralé, traces subjectives du langage et dépassement dialectique des réalités nihilistes et absurdes, déconstruction en multiples facettes, la multiplicité des centres et le changement perpétuel Ces traits demanderaient à être explicités dans l'analyse interne d'un corpus spécifique pour mieux appréhender cette notion de chaos dans l'écriture, dans l'esthétique. Si tant est que le poète, l'écrivain, comme le disait Arthur Rimbaud dans sa lettre à Paul Demeny, est un voyant, Fuentes, écrivain hybride, composite, exprime sa vision du Mexique et de l'Amérique, dans la conjoncture internationale globale d'aujourd'hui, par une écriture consciente qui se détermine ou se singularise en présence des autres langues du monde. Cette célébration du chaos est éloge du divers, poétique de la relation comme l'écrit Edouard Glissant dans son Introduction à une poétique du divers.