Paysages palimpsestes.De l’habitation à l’exploration : places du disparu politique dans le cinéma du réel chilien et argentin (1990-2020)

par Anna Dodier

Projet de thèse en Arts

Sous la direction de Corinne Maury.

Thèses en préparation à Toulouse 2 , dans le cadre de Arts, Lettres, Langues, Philosophie et Communication (ALLPH@) , en partenariat avec LLA-Creatis - Lettres, Langages et Arts (EA 4152) (equipe de recherche) depuis le 01-09-2020 .


  • Résumé

    Les régimes dictatoriaux chilien (1973-1990) et argentin (1976-1983) ont fait systématiquement disparaître les corps des opposants politiques. Ces disparus, tels des figures spectrales, exclus du monde après y avoir été jetés, hantent aussi bien les lieux et les paysages que leurs familles et la société. A priori invisibles, absents et inqualifiables, il nous serait impossible de les penser. Pourtant, en inscrivant ces disparitions dans l’espace et le temps, le cinéma ouvre une brèche pour les approcher. Dans une lignée phénoménologique, nous montrerons ainsi que le cinéma du réel s’interroge plus précisément sur la place qu’ils occupent dans le monde. Au sein d’un corpus toujours en chantier (dont les films de Patricio Guzmán, Carmen Castillo, Jonathan Perel mais également des auteurs plus expérimentaux tels que Malena Szlam), nous proposerons une herméneutique, à la fois esthétique et politique, des places mouvantes et diffuses qu’occupent les disparus politiques. Celle-ci se basera sur une analyse des espaces intimes de la maison et des territoires hétérogènes du dehors, dans l’hypothèse qu’au sein de ces films, le disparu est réinscrit par le paysage dans la communauté des hommes.

  • Titre traduit

    Palimpsest landscapes. From dwelling to exploring : places of the political disappeared in the Chilean and Argentinian documentary (1990-2020)


  • Résumé

    The most recent Chilean and Argentinian dictatorship regimes (1973-1990 and 1976-1983) have systematically made disappear  the bodies of their political opponents. The  disappeared, as spectral figures, excluded from the world after being thrown into it, haunt places and landscapes as well as their families and all of society. A priori invisible, absent and unspeakable, it would be impossible for us to conceive them. Yet, by carving a place for those disappearances in space and time, cinema opens up a crack through which to approach them. From a phenomenological perspective, we will demonstrate that documentary film specifically questions the place they occupy in the world. Within an ever progressing corpus (including the cinema of Patricio Guzmán, Carmen Castillo, Jonathan Perel but also more experimental directors such as Malena Szlam), we will propose a hermeneutic, both esthetic and political, of the unsettled and scattered places occupied by the political disappeared. This will be based on an analysis of the intimate spaces of home and heterogeneous territories of the outside, under the hypothesis that, in these films, it is through landscape that the disappeared are returned to the community of men.