Le mythe de la neutralité carcérale.Éléments pour une culture pénitentiaire.
Auteur / Autrice : | Bertrand Kaczmarek |
Direction : | Jean-Philippe Pierron |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 2024 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire de Recherches |
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Johann Michel |
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Philippe Pierron, Frédéric Gros, Eudoxie Gallardo, Antoine Garapon | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Johann Michel, Frédéric Gros |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Aux projets du XIXe siècle visant à transformer en profondeur les condamnés par une discipline de tous les instants, a succédé à partir des années 1980 une quête de neutralité par laquelle linstitution pénitentiaire veut démontrer sa capacité à respecter les droits des personnes détenues et son renoncement à toute velléité demprise. Ce mouvement suscite trois questions : quelle est son origine ? Quels sont ses effets ? Existe-t-il des alternatives ? Il convient tout dabord en effet de rendre compte de cette évolution, en montrant comment la libéralisation de la prison, associée à la réception de la critique portée par Foucault, a conduit à ce retrait et à cette négativité. Ensuite, sil est indéniable que l arrivée du droit dans les établissements pénitentiaires a été largement bénéfique, en raison notamment du recul de larbitraire quelle a signifié, il nen demeure pas moins que ladoption par linstitution dune approche prioritairement procédurale maintient la détention à un degré inhumain dinsignifiance. Cest la violence des carences produites par cette abstention, souvent dissimulée par lindigence des conditions matérielles de détention, quil sagit de faire apparaître dans un deuxième temps. Ceci suppose de montrer combien elle meurtrit qui la subit, quil soit prisonnier ou professionnel, mais également de donner à voir les tentatives effectuées pour combler ce vide institué au titre de la neutralité. Ainsi une certaine pratique de lislam, et une certaine confiance placée dans les programmes cognitivo-comportementalistes, attestent quun cycle sachève et que souvre une nouvelle période. Si le libéralisme de labstention et de la négativité a effectivement atteint ses limites, il convient dès lors dassumer la nécessité de conférer une positivité à la peine demprisonnement. Deux options se font jour : la peine peut être tirée, via sa contractualisation, en direction du néolibéralisme, en confiant à chaque condamné lentière responsabilité de son sort ; ou bien elle peut être envisagée sous la modalité du don, parce que celui-ci, loin de se cantonner à la sphère caritative, est en réalité le garant de lunité des sociétés. Ainsi, cest peut-être dans le lien mystérieux obligeant celles et ceux qui reçoivent à donner en retour que se tient le principe dune positivité libérale susceptible de rendre le corps social capable de traverser le mal quil endure et quil commet. Cest à éprouver cette hypothèse, qui installe la responsabilité individuelle au sein dune culture pénitentiaire alternative, que sera consacrée la dernière partie de cette recherche.