Le droit de la Lune et de l'espace extra-atmosphérique à l'heure des accords Artémis
Auteur / Autrice : | Alexandre Chazelle |
Direction : | Lucien Rapp, Clementine Bories |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Inscription en doctorat le 14/09/2020 |
Etablissement(s) : | Université Toulouse Capitole |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit et Science Politique |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IDETCOM - Institut du Droit de l'Espace, des Territoires, de la Culture et de la Communication |
Mots clés
Résumé
Ma thèse sur le droit de la lune et de l'espace extra-atmosphérique à l'heure des accords Artémis est un travail d'appréhension sur ces accords Artémis. Pour les saisir, il a été nécessaire dans une première partie de procéder à une qualification juridique. Que sont-ils ? Un minitraité. Le deuxième temps est celui de l'analyse du contenu du minitraité et de sa signification. Que disent les accords Artémis ? L'intégration des dynamiques économiques dans la gestion d'un bien commun. Le dernier temps est celui de la mise à jour de la cartographie juridique de l'ordre international. Quelle relation pour un minitraité avec le droit spatial primaire et les législations nationales ? Une relation de coordination des ordres juridiques. Le premier enjeu est de parvenir à la qualification de ce que sont les accords Artémis. Le parti de pris de ma thèse est celui de les qualifier de minitraité. C'est à la fois une difficulté et l'un des principaux intérêts de ma recherche. Cette notion de minitraité, adossée au minilatéralisme n'est que peu étudié par la doctrine. L'enjeu est donc de parvenir à une définition de ce véhicule juridique. Sommairement il est possible de les définir comme étant une norme mettant le droit international au service de son efficience. Elle doit produire le plus d'effets, à un coût politique le plus faible, s'autorisant donc de très grandes libertés par rapport au droit international. Pour parvenir à cette définition, il faut passer par une analyse de l'évolution de l'ordre international spatial. Cet ordre international bascule d'une organisation multilatérale à une structure minilatérale. Le minilatéralisme, qui est le pendant politique du minitraité, devient la nouvelle organisation de la scène internationale spatiale. Pour arriver à cette première conclusion, il a été nécessaire de passer par une étude comparative d'autres régimes internationaux à commencer par celui des autres espaces communs, par une analyse historique du droit spatial, tout en acceptant de passer par des mécanismes du droit du commerce international. La deuxième étape de ma thèse celle qui m'occupe actuellement est celle de l'analyse du contenu des accords Artémis. La méthode de compréhension du contenu des accords Artémis est passée par des mécanismes de droit international privé, proches des théories du droit spontané, et de la coopération entre les ordres juridiques. Les accords Artémis sont une retranscription assez fidèle des aspirations comportementales du secteur spatial du « new space ». Ces aspirations au travers des accords Artémis changent la perception des signataires de ce bien commun de l'humanité. Il devient un bien commun où les États sont bien plus libres, en terme par exemple d'appropriation des ressources spatiales ou de l'intégration de la notion de risque dans les activités spatiales. Cette notion de risque est particulièrement intéressante, car elle est le pendant de n'importe quelle activité économique. Dès lors c'est un nouveau positionnement des États signataires face au bien commun de l'humanité qui semble se dessiner. Enfin, dans une dernière partie qu'il reste à approfondir, il est question de la nouvelle architecture du droit des activités spatiales. Les accords Artémis fonctionnent grâce au mécanisme de relevance tel que défini par Santi Romano. Matériellement les accords sont une norme dérivée du Traité de 1967 et des autres traités onusiens. De plus ils relèguent tous les aspects applicatifs aux législations nationales des États signataires. Les accords Artémis ne sont qu'une norme souple cheffe d'orchestre, interprétant le droit spatial multilatéral. L'interconnexion entre l'ordre spatial primaire (le droit multilatéral onusien), le droit spatial dérivé (les accords Artémis), et les législations nationales (le droit applicatif) soulève de nombreuses questions. Quelle sera la relation entre un minitraité interprétatif et un traité multilatéral onusien ? Quelle sera la relation entre plusieurs minitraités ? Quelle sera la relation entre législations nationales, avec un minitraité et/ou les traités multilatéraux ? Les accords Artémis sont pour le droit international un prétexte. Ils marquent un effacement entre les mécanismes du droit international public et du droit international privé.