Thèse soutenue

Choralités habiteuses : maison et jardin, la coproduction d'un milieu

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Soraya Baït
Direction : Denis Martouzet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aménagement
Date : Soutenance le 20/06/2023
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la Société : Territoires, Économie et Droit (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cités Territoires Environnement et Sociétés (Tours ; 2004-....)
Equipe de recherche : Dynamique et Action Territoriales et Environnementales (DATE) (Tours)
Jury : Président / Présidente : Daniel Cérézuelle
Examinateurs / Examinatrices : Béatrice Mariolle, Georges Henry Laffont
Rapporteurs / Rapporteuses : Hervé Marchal, Thierry Paquot

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

La vie quotidienne est porteuse de sens à travers ce qu'elle nous révèle de la société dans laquelle nous vivons. S'y intéresser, c'est apprendre à saisir les choses par le menu et le détail, comme nous le conseille Gabriel Tarde, en prêtant attention à l'insignifiant. Face à un mouvement d'accélération généralisé et de mobilité exacerbée, dans un contexte métropolitain globalisé où les risques se multiplient, la figure unitaire, fixe, immuable et identifiable de la maison-avec-jardin, nous offre par contraste une entrée, à la fois pertinente et difficile d'accès, pour comprendre le rôle fondateur de la vie quotidienne, dans la constitution des identités collectives. La politisation des débats sur la maison-avec-jardin, en tant que production des structures économiques, politiques et sociales, remonte au 19e siècle avec l'avènement des premières cités ouvrières. Lieu partiel mais central, d'où partent et vers lequel reviennent tous les mouvements, ce petit sujet-objet est un témoin privilégié des relations qui se construisent et celles qui s'étiolent et parfois se rompent, entre les humains et les lieux qu'ils habitent. Dans sa forme contemporaine sans qualité visible, la maison-avec-jardin a mauvaise presse. Décrite comme « antisociale », « antiécologique », « antiurbaine », elle est largement critiquée et se retrouve régulièrement au centre des débats ; mettant à jour une césure entre la production architecturale et les aspirations imaginaires ou réelles de la société. Elle a traversé les siècles, a perdu quelques attributs, s'est métamorphosée en machine à habiter, s'est industrialisée, avant de se transformer en produit consommable et duplicable à l'identique et à l'infinie. Pour autant, le rêve d'habiter une maison-avec-jardin ne s'est pas démenti depuis 1945. Ce petit objet demeure un sujet majeur et soulève avec intensité la question essentielle du projet, depuis la parcelle jusqu'au grand territoire. Nous formulons l'hypothèque que le projet de la maison est caché en son jardin. Nous postulons qu'un glissement est à l'œuvre : le jardin, espace en attente, se transforme en un lieu de luttes ordinaires où se construisent une pensée politique et une conscience écologique, révélant une cartographie d'une multitude choralité d'actions habiteuses, faites d'ajustements solitaires, préfigurant une œuvre chorale et solidaire. En croisant trois intentions déclinées en une boucle non hiérarchisée : politique, écologique et poétique, jardiner pour habiter, constitue-t-il le germe d'une autre manière de refonder notre relation au monde ?