Étude des conditions d'exercice et de l'engagement professionnel dans les marges : le cas des enseignants en prison
| Auteur / Autrice : | Jeanne Veau |
| Direction : | Sandrine Garcia, Géraldine Farges |
| Type : | Projet de thèse |
| Discipline(s) : | Sciences de l'éducation |
| Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 31/01/2025 |
| Etablissement(s) : | Dijon, Université Bourgogne Europe |
| Ecole(s) doctorale(s) : | SEPT - Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de Recherche sur l'Education |
| Jury : | Président / Présidente : Stéphane Bonnéry |
| Examinateurs / Examinatrices : Sandrine Garcia, Géraldine Farges, Ludivine Balland, Pierre Périer, Fanny Salane, Bruno Milly | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Bruno Milly, Stéphane Bonnéry |
Mots clés
Résumé
: Enseigner en prison peut paraître à certains égards une situation peu enviable pour les professionnels en ce quelle présente des incertitudes sur le comportement des personnes, lorganisation et les débouchés dun tel enseignement (le niveau des personnes incarcérées étant très hétérogène). Pourtant, certains enseignants qui ont fait lexpérience du système scolaire « classique » semblent y trouver, daprès les recherches disponibles, un intérêt et des gratifications quils nont pas ailleurs, malgré les tensions qui saturent lespace carcéral. En effet, « les activités déducation et de formation, si elles paraissent incontournables et légitimes, peinent toujours à simposer dans une institution dont le fonctionnement même constitue une entrave à leur bon déroulement » (Salane, 2013). Cette thèse se propose danalyser lengagement professionnel des enseignants en milieu carcéral, en intégrant aux problématiques centrales des sciences de léducation les apports de la sociologie des professions afin de mieux cerner les trajectoires professionnelles des enseignants. En effet, les interactions éducatives qui se déroulent dans ce contexte fermé présentent des spécificités quil sagit de comprendre (Abbott 1988). Lhypothèse principale formulée est que les espaces contraints, comme le milieu carcéral, peuvent paradoxalement offrir des espaces de liberté pour les professionnels de lenseignement, dont il sagira danalyser les relations avec la hiérarchie de proximité. Les enseignants peuvent aussi trouver auprès des personnes incarcérées une reconnaissance quils ne trouvent pas en milieu « ordinaire ». Les détenus, qui doivent être volontaires pour suivre les cours, obtiennent grâce à lenseignement un statut dapprenant conféré par des personnes qui, contrairement aux surveillants de prison dans une institution totale (Goffman, 1968), ne sont pas animées de préoccupations disciplinaires, et permettent déchapper partiellement aux stigmates de la délinquance. Ainsi, les rétributions symboliques associées à cet acte éducatif singulier peuvent être élevées pour les enseignants (Bense Ferreira Alves et Leblanc, 2013), venant confirmer leur utilité sociale. Cette étude sadosse sur plusieurs recherches menées ces dernières années qui ont notamment montré que lautonomie professionnelle est déterminante dans la satisfaction au travail éprouvée par les enseignants, ainsi que la reconnaissance quils peuvent obtenir de la part de lInstitution scolaire et de ses usagers.