Thèse en cours

Les terre-neuvas fécampois et la Seconde Guerre mondiale: pratiques professionnelles, adaptation au contexte économique, comportement social et politique.

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 25/05/2023. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Colin Marais
Direction : Philippe NivetEmmanuelle Cronier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire et civilisations Histoire Contemporaine
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 25/05/2023
Etablissement(s) : Amiens
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale en Sciences humaines et sociales (Amiens)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CHSSC Centre d’Histoire des Sociétés, des Sciences et des Conflits
Jury : Président / Présidente : Anne Gaugue
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Nivet, Emmanuelle Cronier, Thomas Vaisset, Thomas Vaisset, Anne Gaugue
Rapporteur / Rapporteuse : Thomas Vaisset, Anne Gaugue

Résumé

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En 1939, Fécamp, port morutier dont l'activité a débuté vers 1560, se place en tête des ports français et dans les premiers d'Europe, du fait de la modernité de sa flotte, de la puissance économique de ses armements et en dépit d'une concurrence forte et d'une conjoncture défavorable liée à la Grande Dépression. De nombreux marins des environs, souvent liés à la pêche de manière ''dynastique'', s'embarquent sur les chalutiers. L'entrée dans la Seconde Guerre mondiale ne semble pas bouleverser, en dépit des réquisitions, le rôle de grand port accordé à Fécamp. La Débâcle militaire entraîne son lot de bouleversements. Si peu de terre-neuvas combattent (même si certains sont pris), la plupart de ceux restés à Fécamp assistent à la chute de la ville et de ses environs. Ils paient un lourd tribut lors de l'Exode. L'attitude anglaise, entre Mers-el-Kébir et Catapult, laisse les terre-neuvas mobilisés dans l'expectative même si les premiers ralliements s'opèrent. C'est surtout à Saint-Pierre-et-Miquelon, où des terre-neuvas sont bloqués plusieurs mois, que la situation est explosive. L'interception par la Royal Navy entraîne la saisie des chalutiers rentrant en France et de nombreux ralliements parmi les marins, tandis qu'à Fécamp, le chômage guette les marins qui y sont demeurés. Les années 1941-1942 voient l'affirmation du régime de Vichy, né de la défaite. Son idéologie corporatiste se traduit, pour la marine, par la création d'une Corporation des pêches maritimes qu'intègrent plusieurs Fécampois, d'une batterie de lois sociales censées favoriser les marins, ainsi que d'un encadrement de la jeunesse maritime qui touchera peu de Fécampois. Les projets de reconstruction de la flotte et surtout du port avortent du fait du manque de liquidités et de matières premières. Pour pallier l'impossibilité de pêcher au large de Terre-Neuve, les autorités vichystes orientent les pêches vers la Mauritanie, laboratoire devenu eldorado, jusqu'au Débarquement au Maroc (opération Torch) et le ralliement des marins envoyés aux Alliés. A Fécamp, la petite pêche, que pratiquent difficilement de nombreux terre-neuvas, s'ajoute à l'emploi de plus en plus fréquent à terre, notamment sur le Mur de l'Atlantique. La période 1943-1944 est plus difficile encore. Les réquisitions allemandes sont de plus en plus fortes, allant jusqu'à la mobilisation de tous les hommes et femmes du littoral pour travailler sur le Mur de l'Atlantique. La résistance, passive ou active, demeure limitée. Quelques rares marins continuent de s'embarquer, mais la petite pêche chute de manière vertigineuse, tandis que quelques rares marins peuvent continuer de naviguer. A Londres, la France Libre relance une campagne de grande pêche pour 1944, avec trois unités dans une aventure qui s'avèrera fructueuse malgré un accueil assez froid des terriens au retour des marins fécampois, après la libération le 2 février 1945. La Libération s'opère dans un climat difficile. Le port est dévasté, la flotte décimée et de nombreux terre-neuvas sont morts durant le conflit, victimes de torpillages, de bombardements. Il s'agit d'abord de réorganiser les pêches maritimes et d'épurer le monde de la grande pêche, une tâche vite effectuée du fait de la prudence des armements. La reconstruction du port et de la flotte prend du temps. Pour occuper les marins, plusieurs pis-aller sont mis en place comme la petite pêche, l'embarquement sur des cargos ou la réquisition de chalutiers ex-allemands. En 1950, la grande pêche peut être considérée comme transformée : les marins, plus souvent syndiqués, sont mieux payés qu'auparavant, et la flotte comme les installations ont été largement modernisées. Fécamp reprend alors sa place de premier port morutier de France, avant que la concurrence, la surpêche et les quotas ne fassent dévisser le port jusqu'à l'abandon définitif de la grande pêche en 1987.