Les tourbières de la vallée de la Somme : trajectoires entre contrôle climatique et influence anthropique depuis le Tardiglaciaire
Auteur / Autrice : | Chloé Garcia |
Direction : | Pierre Antoine, Boris Brasseur |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences Ecologiques Ecologie Historique-25DSE3 |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 03/04/2024 |
Etablissement(s) : | Amiens |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences, technologie et santé (Amiens) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Écologie et dynamique des systèmes anthropisés (Amiens ; 2012-....) |
Jury : | Président / Présidente : Hervé Cubizolle |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Antoine, Pierre-Gil Salvador, Laurent Lespez, Boris Brasseur, Daniel Gilbert, Julie Loisel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Hervé Cubizolle, Pierre-Gil Salvador |
Mots clés
Résumé
Les tourbes alluviales alcalines du bassin de la Somme, parmi les plus vastes dEurope du nord-ouest, présentent des épaisseurs importantes (>10 m), constituant un réservoir crucial de carbone organique, deau, et darchives de la paléobiodiversité. Cette thèse vise à identifier les facteurs favorisant ou limitant l'accumulation de tourbe depuis la dernière période glaciaire (≈14 000 ans), et à préciser les changements paléoenvironnementaux en relation avec l'évolution morphodynamique de la Somme. En utilisant une approche pluridisciplinaire, alliant données de terrain (120 sondages), analyses en laboratoire et datations radiocarbone, deux transects stratigraphiques représentatifs des moyenne et haute vallées de la Somme ont été étudiés. Les différences d'accumulation sédimentaire et de conservation ont été caractérisées. Les processus géomorphologiques et leur chronologie ont été précisés grâce à l'analyse de la stratigraphie, de la sédimentologie et de la géochimie. L'intégration de bioindicateurs tels que les pollens et les macrofossiles végétaux fournit des informations sur le couvert végétal, le climat et les activités humaines pendant l'Holocène. Plusieurs phases d'accumulation de tourbe ont été identifiées : i) Au Tardiglaciaire, la turfigénèse a commencé dans les anciens chenaux tressés de la fin du Pléniglaciaire, favorisée par un réchauffement climatique rapide et des précipitations accrues caractéristiques des interstades Bølling et Allerød. Le Dryas récent marque la fin de cette période par le dépôt dépaisses alluvions carbonatées. ii) Au début de l'Holocène, l'augmentation des températures et des précipitations favorise le développement végétal, stabilisant le paysage et limitant l'érosion. Après avoir colmaté progressivement le lit du chenal principal, la tourbe saccumule sur lensemble du fond de vallée. iii) Durant la seconde moitié de l'Holocène, les réponses aux perturbations climatiques et anthropiques vont différer dans le bassin. La réactivation de la dynamique fluviale provoque lincision dun grand chenal à méandres. Dans la Haute-vallée, ce chenal est à colmatage limoneux, après une pause de la turfigénèse (1 600 ans), laccumulation de tourbe reprend à la fin de lâge du Bronze. Cette tourbe à accumulation rapide est interstratifiée à des limons carbonatés. La plus récente tourbe qui soit conservée date de la fin du Moyen-Âge. En moyenne vallée, le chenal à colmatage de tuf calcaire croît jusquà lâge du Bronze, parallèlement à laccumulation probable de tourbe (dernière tourbe conservée datée à 7 300 cal BP). Par la suite la baisse des niveaux deau, les activités humaines (aménagements hydrauliques, extraction) entrainent la dégradation des tourbes. Dans un contexte de changement climatique et de dégradation des tourbières, la compréhension des processus de formation/dégradation des tourbes de la vallée de la Somme apporte un éclairage essentiel à la gestion à long terme de ces écosystèmes.