Thèse soutenue

Produire une réforme contestée. Clivages et interdépendances des espaces impliqués dans la Loi de Programmation de la Recherche (2018-2020)

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Auteur / Autrice : Coline Soler
Direction : Frédéric Lebaron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 03/06/2025
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Sociales et Humanités
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institutions et Dynamiques Historiques de l'Economie et de la Société
Référent : Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Sociologie et science politique (2020-....)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Corine Eyraud, Jérôme Aust, Clémentine Gozlan, Bertrand Geay
Rapporteurs / Rapporteuses : Corine Eyraud, Jérôme Aust

Résumé

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Cette thèse analyse le processus d'élaboration d'une réforme contestée, la Loi de Programmation de la Recherche (LPR), promulguée en décembre 2020. Elle cherche à comprendre les conditions qui ont rendu possible l'adoption de cette réforme malgré l'opposition qu'elle a suscitée dans la communauté académique.En articulant sociologie de l'action publique et théorie des champs, nous analysons les dynamiques qui structurent les différentes étapes du processus, les arènes de l'élaboration de la réforme, les relations entre les collectifs mobilisés et les décideurs politiques, ainsi que les formes d'actualisation des enjeux liés à la recherche dans différents espaces.Cette recherche combine analyse quantitative et analyse qualitative, en mobilisant des méthodes mixtes (analyse lexicale, analyse des correspondances multiples, entretiens, observations). Ce travail éclaire les dynamiques institutionnelles, politiques et professionnelles qui ont structuré la fabrication de cette loi. L'étude met d'abord en évidence la structuration du champ de l'enseignement supérieur et de la recherche (ESR) et les transformations qui l'affectent depuis plusieurs décennies. Elle montre que la LPR s'inscrit dans un continuum réformateur, marqué par la diffusion d'un « sens commun réformateur » qui légitime certaines orientations politiques, telles que l'autonomie accrue des établissements, la compétition pour les financements et la différenciation statutaire des personnels.En analysant les agents et les arènes où la réforme a été discutée, cette recherche montre les clivages qui structurent l'espace d'élaboration de la réforme. La thèse met ainsi en lumière les mécanismes de synchronisation des intérêts entre les différents espaces impliqués dans la production de la loi, expliquant pourquoi certaines propositions ont été reprises dans le texte final tandis que d'autres ont été écartées. Nous en concluons que l'articulation entre la structure sociale de production d'une politique sectorielle et des facteurs conjoncturels crée les conditions de possibilité de la réforme.Enfin, cette recherche propose un modèle d'analyse sociologique de l'action publique applicable à d'autres secteurs. Elle souligne l'articulation entre les structures sociales des champs engagés dans la production de la loi et les dynamiques conjoncturelles qui façonnent les trajectoires des réformes. À travers le cas de la LPR, elle contribue à une meilleure compréhension des évolutions d'un groupe professionnel et du processus de légitimation et d'adoption des politiques publiques sectorielles.