Codes sociaux et rôles identitaires dans le Lindy Hop : récits transgressifs
Auteur / Autrice : | Marion Quesne |
Direction : | Cécile Coquet-mokoko |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littérature anglo-saxonne |
Date : | Inscription en doctorat le 30/11/2018 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales et humanités (Versailles ; 2020-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines |
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....) |
Résumé
Le projet de thèse s'articule autour d'une danse de couple africaine-américaine des années 1920 : le Lindy Hop. Il s'agirait d'explorer les problématiques liées à la pratique et l'enseignement de cette danse au moment de son émergence à la fin des années 1920, jusqu'à aujourd'hui; notamment, les codes sociaux et les rôles identitaires dans la pratique de la danse. Le croisement entre le domaine de la recherche en danse et de la recherche intersectionnelle n'en n'est qu'à ses balbutiements. En France, la recherche sur le Lindy Hop en tant que tel est quasi inexistante, et pourtant, la communauté swing française est très nombreuse, par exemple on dénombre plus de 10 000 membres sur le groupe Facebook « Lindy Hop Paris », il s'agit donc d'un terrain à explorer, digne d'intérêt. Les rôles identitaires de race et de genre ont ainsi été construits puis déconstruits par la société pour être reconstruits par le biais de la danse. Des danseurs des années 1930 font état du Lindy Hop comme un espace où ils pouvaient s'exprimer librement. La marque du Lindy Hop est certainement celle de la transgression de la politique ségrégationniste car la danse découle de cette transgression, elle a en son coeur la liberté, l'improvisation, la création dans un espace ouvert à tous, c'est un récit de transgression dans un espace d'inclusion. Le Lindy Hop est un outil politique : la transgression est totale, depuis le macro avec le Savoy Ballroom intégré, au micro avec l'intégration d'un couple blanc dans la troupe des Whitey's Lindy Hoppers. Cette transgression se poursuit avec les rôles identitaires de genre : effectivement, la pratique de la danse est influencée par les idées véhiculées par la société patriarcale où « l'homme guide » et « la femme suit », or, le Lindy Hop transgresse ces codes car les récits de danse Queer sont déjà présents à l'époque. Cette transgression des rôles de genre et rôles de danse perdure, les rôles peuvent correspondre comme ne pas correspondre. Enfin, le Lindy Hop transgresse les codes sociaux et la respectabilité. Le Lindy Hop n'est pas respectable. Il n'est pas respectable en tant que danse sociale, en tant que danse pratiquée sur la musique swing, en tant que danse pratiquée par les Africains-Américains, en tant que danse défiant les codes de genre ; il n'est pas respectable de par son caractère sexuel et de par son code vestimentaire : le Lindy Hop met au défi la respectabilité bourgeoise. Dans son ouvrage Constructing the Black Masculine: Identity and Ideality in African American Men's Literature and Culture, Wallace, spécialisé dans l'étude de la littérature et de la culture africaine-américaine et enseignant des Black Queer Studies, explique que la danse est un système de signes, au même titre que le langage. Il avance même que parce que la danse communique sans mots, elle est capable de les transcender, de dire plus que ce que les mots peuvent exprimer. En cela, si la danse est un système de signes qui est capable de transcender les mots, il est alors indispensable de la recentrer au coeur de la recherche : en effet, l'observation et les récits de la pratique de la danse en diraient autant, voire plus sur une civilisation donnée que des écrits. Effectivement, l'observation et l'étude de récits sur la pratique de la danse, et ici plus particulièrement du Lindy Hop, révèlent des enjeux de pouvoir, de privilège et d'oppression, qui sont au coeur des recherches intersectionnelles. En outre, de nombreux récits du Lindy Hop sont des récits transgressifs : ils marquent une rupture dans les relations de pouvoir, de privilège et d'oppression aux États-Unis et dans le monde.