Étude des effets d'un signal 5G (3,5 GHz) sur la réponse au stress des cellules de la peau
Auteur / Autrice : | Lorenza Patrignoni |
Direction : | Isabelle Lagroye |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Physiopathologie cellulaire et moléculaire |
Date : | Inscription en doctorat le 01/11/2020 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de l'intégration du matériau au système (Talence, Gironde) |
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....) |
Mots clés
Résumé
Le ''bioélectromagnétisme'' combine les domaines de recherche en biologie et en physique pour évaluer les mécanismes d'interaction des ondes électromagnétiques avec les tissus vivants, et ses effets bénéfiques ou délétères potentiels. Au cours des deux dernières décennies, cette discipline a suscité un intérêt croissant en raison du développement des technologies produisant des champs électromagnétiques (CEM) et en parallèle, avec l'inquiétude du public. Des sources de CEM artificiels sont des appareils médicaux (par exemple, l'imagerie par résonance magnétique), les équipements électriques, les fours à micro-ondes, les antennes de diffusion radiofréquences (RF) ou les technologies de la communication mobile et sans fil, etc. Les téléphones mobiles sont une source de CEM qui s'est rapidement développée et qui continuera à se développer dans le futur. Plusieurs générations de technologies de communication se sont succédées depuis la fin du XXe siècle jusqu'à aujourd'hui. La cinquième génération (5G) a été créé pour résoudre la saturation des réseaux, supporter le trafic des médias et fournir de nouveaux services. Toutes les technologies de communication mobile utilisent la gamme des RF, c'est à dire de10 MHz à 300 GHz du spectre électromagnétique. Les champs RF sont décrits comme des radiations non ionisantes car ils transportent des photons de faible énergie, inférieure à 12 eV, ce qui est nécessaire pour ioniser la matière vivante. La 5G fonctionnera dans trois bandes de fréquences : 700 MHz, 3,5 et 26 GHz. A ce jour, le seul effet défini des RF sur les systèmes biologiques, et sur lequel reposent les normes relatives aux limites d'exposition, est l'échauffement des tissus lié à la relaxation diélectrique. L'hypothèse selon laquelle l'exposition environnementale aux radiofréquences induit des effets nocifs par le biais d'une production accrue d'espèces réactives de l'oxygène (ROS), ou d'une activation de l'apoptose a été largement étudiée. Malheureusement, les résultats sont variables et contradictoires. En revanche, peu d'informations sont disponibles sur l'activation de la réponse de stress liée à l'accumulation de protéines mal repliées, appelée Unfolded Protein Response (UPR), au niveau du réticulum endoplasmique (RE). L'objectif de ma thèse était d'étudier l'impact du signal 5G à 3,5 GHz sur le stress mitochondrial et du RE, en utilisant des cellules de peau humaine, les fibroblastes et les kératinocytes. Le choix d'utiliser la peau s'explique par le fait que l'absorption des champs RF dans les tissus diminue quand la fréquence augmente, ce qui fait de ce tissu une des principales cibles. Les cellules ont été exposées aux champs RF pendant 24 heures, à trois débits d'absorption spécifiques (DAS) : 0.25, 1 et 4 W/kg. Dans certaines expériences, les cellules ont été pré-irradiées avec des UV-B afin d'étudier l'interaction entre ces deux agents environnementaux. Les résultats suggèrent que le signal 5G, seul ou en co-exposition avec les UV-B, peut moduler la production de ROS mitochondriaux en fonction du type cellulaire, sans affecter la fonctionnalité mitochondriale en termes de potentiel membranaire, ni la viabilité cellulaire. Ce résultat suggère que les champs RF n'ont pas provoqué un burst oxydatif. Enfin, l'étude de l'expression d'une série de gènes liés au stress du RE et à l'apoptose n'a pas révélé de changements dans les fibroblastes primaires humains, quelle que soit la configuration de l'exposition. En conclusion, l'exposition à un signal 5G à 3,5 GHz, jusqu'à 4 W/kg n'a induit que de faibles changements sur les ROS, de manière différente selon le type de cellules de la peau, et en présence ou non d'UV-B. Aucun impact sur la viabilité cellulaire n'a été détecté. Enfin, l'absence d'expression différentielle des gènes liés à l'UPR suggère que le RE n'est pas sensible à l'exposition aux champs RF.