Thèse en cours

« Pédagogies émancipatrices et éducation populaire : repenser le projet politique - 1970/2025 »

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Mathieu Depoil
Direction : Sylvain Wagnon
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de l'Éducation
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2020
Etablissement(s) : Université de Montpellier Paul-Valéry
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LIRDEF - Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Didactique, Education et Formation

Résumé

FR  |  
EN

> ÉDUCATION POPULAIRE ET PÉDAGOGIE Comme dans tout projet éducatif, les pratiques pédagogiques pouvant être présentes dans l'éducation populaire revêtent un caractère déterminant dans l'atteinte des objectifs politiques définis historiquement par ce mouvement. De par leurs caractères « permanents », « non institutionnels », « libre » et « en dehors du système éducatif traditionnel », les pratiques de l'éducation populaire pourraient s'inscrire, pédagogiquement, dans les champs de l'alternative et dans une démarche de processus émancipatoire visant à transformer la société et décrypter les rapports de domination. L'intérêt d'aborder le rapport entre politique, pédagogie et éducation populaire permet de requestionner le sens de l'action de terrain au regard des enjeux sociaux actuels. L'objet de ma réflexion initiale est donc de faire le lien entre le projet politique de l'éducation populaire (sa diversité, son histoire, ses finalités, ses différents mouvements, ses valeurs, ses principes d'actions, son institutionnalisation, son degré d'autonomie, etc.) et les pratiques pédagogiques alternatives qui en découlent et pouvant répondre à une finalité d'émancipation individuel et/ou collective (éducation nouvelle, pédagogies libertaires, pédagogies radicales, etc.). Partant du fait qu'un acte pédagogique n'est pas neutre politiquement, les questions peuvent être alors multiples : quels liens existent-ils aujourd'hui entre le discours politique de l'éducation populaire et la réalité pédagogique de terrain ? Le discours politique est-il en phase avec les démarches pédagogiques ? Comment décliner de manière pédagogique un projet politique de lutte contre l'obscurantisme, contre la misère et contre l'oppression ? Quelle place, au vu de l'histoire de l'éducation populaire, est donnée aux pédagogies dites « alternatives »? Quelles pratiques pédagogiques peuvent répondre à l'ambition politique de l'éducation populaire ? L'intérêt de ces questionnements réside dans le fait de repositionner le débat politique autour de la question de la cohérence entre la « pensée » et « l'agir » en cherchant quelles pratiques alternatives répondent à ces enjeux politiques et la réciprocité de cette formule. > LES PRATIQUES : CONSTATS EXPERIENTIELS Ces questions initiales sont à croiser avec plusieurs constats d'ordre expérientiels relatifs aux pratiques pédagogiques et/ou éducatives observées dans l'éducation populaire du XXIème siècle. Les observations cités ci-dessous peuvent constituer une base d'analyse de terrain et reflètent (peut-être) un premier relevé d'information à traiter scientifiquement (étude méthodologique approfondi) dans un contexte social, politique et économique à déterminer. C'est donc avec prudence que je partage les constats suivants, issus de mes pratiques et analyses de pratiques, davantage présenté ici comme source d'indicateurs que comme faits vérifiés : vision parfois dégradante et non-valorisante de la pratique manuelle/corporelle et de la construction/fabrication par le « faire ensemble », relégation des pratiques d'activités à une tâche occupationnelle exécutée et déconnectée d'une visée d'émancipation et d'éducation, le travail collectif peut-être délaissé pour se concentrer sur l'individu.e isolé.e d'une dynamique d'ouverture au monde, hiérarchisation des pratiques et des missions : les pratiques pédagogiques renvoyées exclusivement à la fonction d'animation (niveau de formation – niveau de rémunération - cf. histoire des métiers de l'animation – à développer). le lien entre le travail social collectif, l'animation sociale et l'éducation populaire est encore source de désaccord et de clivage professionnels, lors de mises en place de « débats citoyens », de « regroupement populaire » ou « d'ateliers de pratiques », on peut constater une forte reproduction du modèle « sachant/ignorant », « expert/novice » et des pédagogies traditionnelles, une pratique pédagogique parfois relayer aux champs du loisirs et du divertissement, une confusion possible entre épanouissement et émancipation, une reproduction des inégalités et des exclusions sociales en lien avec les choix d'organisation pédagogiques. Cette rapide sélection d'observations me questionne aujourd'hui sur les dynamiques pédagogiques existantes au sein des mouvements d'éducation populaire. L'écart entre la pensée politique historique, qui a puisé, en partie, son inspiration dans les luttes sociales/populaire/ouvrières et qui, aujourd'hui, peut se traduire pédagogiquement par un rejet ou une dévalorisation de « l'acte manuel, corporel et collectif» (par exemple), la consolidation du modèle « dominant.e/dominé.e » (par exemple) ou la pratique « de règlement intérieur, sanction ou punition » (par exemple) est à mesurer afin de définir de nouveaux enjeux pouvant affirmer la nécessité de repenser une démarche pédagogique alternative caractérisant une volonté politique visant l'émancipation et la liberté. L'intérêt de la démarche sera donc de questionner l'activité pédagogique, l'agir (tel qu'il est défini par Tony LAINE – conférence de 1971) et les formes de pratiques alternatives traduisant le plus justement possible une volonté de transformation sociale. > LE CONTEXTE : ÉVOLUTION DE l'Éducation POPULAIRE / 1980-2022 Les projets des mouvements d'éducation populaire ont connu une évolution forte depuis la fin des années 1970 : professionnalisation des métiers, apparition des Délégation de Services Publics et des marchés publics, perte d'autonomies financières des associations, orientations des politiques publics, institutionnalisations des pratiques, tutelles des ministères, technicisation des métiers, etc. L'analyse de cette évolution contextuelle, pourrait expliquer le recentrage des projets sur certains types d'actions et certaines orientations pédagogiques (accueil périscolaire, accueil extrascolaire, activités socioculturelles, services de proximité, etc.), modifiant ainsi les postures et enjeux politiques des équipes intervenantes. Les préoccupations politiques initiales de l'éducation populaire (luttes sociales) trouvent-elles encore des échos pédagogiques dans un contexte de dépendance financière au pouvoir étatique ? Existe-t-il encore une indépendance et une souveraineté pédagogique aux organisations subventionnées ? L'éclairage historique pourra permettre de situer l'évolution pédagogique de l'éducation populaire au regard des orientations politiques et sociales du contexte traversé. Reste à savoir quelles sont ces évolutions concrètes et en quoi une approche pédagogique basé sur les alternatives permettrait de renouer avec un projet politique de transformation de la société ? > AUTEUR.E.S RESSOURCES (EN COURS DE CONSTRUCTION) : - Histoire de l'éducation populaire : Laurent BESSE / Gérard BONNEFON / Christian MAUREL - Éducation Nouvelle : Roger COUSINET / Gisèle DEFAILLY / Ovide DECROLY / - Pédagogie sociale : Janusz KORCZAK / Célestin FREINET / Laurent OTT / Paulo FREIRE - Pédagogie libertaire : Fransco FERRER / Paul ROBIN / A.S. NEIL  - Thèse d'Alexia MORVAN : « Pour une éducation populaire politique »