Les promesses de l'autre Construire l'acceptation sociale des réserves naturelles en Bretagne et en Haute-Savoie
Auteur / Autrice : | Agathe Robert-Kérivel |
Direction : | Lionel Laslaz |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Géographie |
Date : | Soutenance le 17/11/2023 |
Etablissement(s) : | Chambéry |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale cultures, sociétés, territoires (Chambéry ; 2021-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Environnements, dynamiques et territoires de la montagne (Le Bourget du Lac, Savoie ; 2003-....) |
Jury : | Président / Présidente : Lydie Goeldner-Gianella |
Examinateurs / Examinatrices : Rémi Beau, Jean Eudes Beuret, Hervé Flanquart | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Yves-François Le Lay, Céline Chadenas |
Mots clés
Résumé
Cette thèse en géographie politique de l'environnement analyse l'acceptation des réserves naturelles en Haute-Savoie (Sixt-Fer-à-Cheval / Passy, Les Contamines-Montjoie, le Roc de Chère, le Delta de la Dranse), Côtes d'Armor (Baie de Saint-Brieuc, Sillon de Talbert, Réserve de Vie Sauvage du Trégor) et Finistère (Saint-Nicolas des Glénan). Les réserves étudiées présentent des caractéristiques diverses (littoral maritime, lacustre, espace montagnard), parfois des points communs (forte fréquentation touristique, prédation, etc.). Tirant partie des méthodes qualitatives (entretiens semi-directifs, observations sur le terrain), ce doctorat questionne la manière dont l'acceptation sociale d'une réserve se tisse et se défait, n'étant jamais définitivement acquise.Cette recherche a conduit à interroger les représentations et pratiques des locaux, les adaptations suscitées par l'espace protégé, les freins qui lui ont été opposés, mais aussi les leviers pour faciliter l'émergence de l'acceptation sociale, issues de stratégies et d'expérimentation des gestionnaires ou des services de l'Etat. De nombreux gestionnaires d'espaces protégés s'intéressent ainsi de manière croissante à de l'acceptation sociale. Il existe toutefois encore un hiatus entre l'intérêt a priori pour l'acceptation sociale et l'accueil qui est fait du sujet par les gestionnaires des terrains choisis. Pourtant, relations aux acteurs du territoire et aux usagers, projets d'extension des périmètres ne peuvent faire l'économie d'une compréhension fine des mécanismes de l'acceptation sociale. A l'heure où l'Etat français montre une volonté forte en matière d'espaces protégés (augmentation de leur nombre et de leur superficie), il s'avère pertinent de questionner non seulement la réception de telles décisions par la population via l'étude de l'acceptation sociale, mais aussi la façon dont se positionnent les gestionnaires d'espaces protégés vis-à-vis de cette thématique et ce qu'elle contient en creux, les tensions, voire les conflits.Les réserves naturelles sont des espaces qui s'élaborent continuellement de manière collective. Loin d'être des entités figées dans le temps et dans l'espace comme pourraient le laisser penser les décrets de création, les réserves sont régulièrement bousculées par des éléments qui sont susceptibles de remettre en jeu l'acceptation sociale ou de produire du conflit localement. Le recours au compromis et la mise en place de négociations, plus ou moins formalisées, sont alors opérés par les acteurs. Ce n'est pas seulement la question de la conciliation des pratiques et usages qui se pose dans les réserves, c'est aussi la dimension proprement spatiale des périmètres qui peut être interrogée et contestée. Par ailleurs, les réserves littorales et montagnardes s'avèrent puissamment investies, porteuses de représentations et de valeurs fortes et parfois très ancrées. L'application du statut de réserve naturelle, même lorsqu'il est ancien, est de taille à bouleverser celles-ci, ce qui peut conduire les populations à manifester des résistances, voire à faire obstacle, à la réserve naturelle. Cette dernière peut être perçue comme un reniement de l'espace comme héritage des ancêtres ou comme une tentative d'effacement de l'histoire locale. Pourtant, l'acceptation sociale ne saurait se limiter à des considérations historiques. Elle demande avant tout l'examen des jeux d'acteurs et rapports de forces à l'oeuvre sur le territoire. Il s'agit aussi d'identifier les valeurs allouées, par tous, aux réserves naturelles : le statut de protection vient en effet aussi poser la marque de la reconnaissance d'une valeur à l'espace ainsi que l'intérêt de le protéger.