Thèse en cours

Hypernudge : vers une nouvelle forme de gouvernance politique d'inspiration cybernétique ?

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Auteur / Autrice : Eugène Favier-baron
Direction : Thierry MénissierThomas Berns
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 01/11/2020
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes en cotutelle avec Université libre de Bruxelles
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : IPhiG - Institut de Philosophie de Grenoble

Mots clés

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Résumé

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L'objectif de cette thèse est double. Celui d'abord de retracer l'influence cybernétique, discrète mais d'importance, qui inspire de près ou de loin nombre de développements numériques actuels, le tout à travers le récent exemple du 'nudge', pratique qui associe mégadonnées, sciences comportementales, marketing et gouvernance publique. Plus encore, ce sont les techniques de guidage algorithmique de décisions sur le modèle du 'nudge' ou 'hypernudge' et permettant de façonner le contexte de choix informationnel et le processus de prise de décision selon une architecture prédéfinie qui exemplifie la pertinence technique et sociale d'une science souvent restée dans l'ombre de la renommée de l'intelligence artificielle. La richesse comme la difficile unification théorique de la cybernétique complique cette tâche qu'il s'agit d'élucider par ce travail. Le caractère scientifique et explicatif de ce paradigme est parfois délaissé pour être confondu avec son objet d'étude, c'est-à-dire comme moyen d'action et de contrôle qui trouve dans l'architecture incitative des “online nudges”, alimentés en temps réel par les données d'utilisateurs, sa parfaite expression. Car l'usage qui est actuellement fait du micro-ciblage algorithmique et de la gouvernance des conduites ressemble fort à celui d'un système cybernétique. Cet usage rend possible de nouvelles formes d'agencement et de traitement des données ouvrant la voie à l'édification de politiques en temps réel fondées sur l'analyse prédictive. Cette pression algorithmique qui s'exerce sur nos activités épistémiques fait surgir un certain nombre d'interrogations éthiques qui constituent le second intérêt de cette thèse. L'orientation des comportements individuels, en matière de santé, d'hygiène, de modes de vie, de problématiques environnementales ou d'incitations au civisme perd ici la transparence nécessaire à son élaboration en tant qu'objet d'intérêt public. Aux mains d'acteurs privés, le “nudging algorithm” et son fonctionnement automatisé, relativement opaque entre-il toujours dans le cadre d'une action de politique publique ? Quelle incidence sur l'autonomie des gouvernés ?