Thèse en cours

Le château de Joux (Doubs) et le contrôle historique des circulations frontalières transjurassiennes : Étude des sources archivistiques et analyse du bâti

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Auteur / Autrice : Valentin Metral
Direction : Sylvie BepoixMorana Causevic-bully
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Archéologie
Date : Inscription en doctorat le 05/10/2020
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : SEPT - Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Chrono-Environnement
établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)

Résumé

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Ce projet doctoral vise l'étude de l'évolution du château de Joux, de son édification à ses dernières modernisations, grâce à une analyse archéologique du bâti associée au dépouillement des sources archivistiques.Dans ce cadre, le château de Joux constitue un cas d'étude exemplaire pour analyser l'évolution des systèmes de fortifications en contexte montagneux durant les périodes médiévales, modernes et contemporaines. Une telle étude s'inscrit dans une dynamique générale d'analyse et de valorisation des fortifications tardo-médiévales et modernes, engagée à l'échelle nationale et régionale. Le château de Joux occupe un promontoire isolé au-dessus de la cluse éponyme, à l'est de Pontarlier, dans la haute-chaîne jurassienne. Son importance est d'abord liée au contrôle de l'itinéraire Pontarlier-Vallorbe (CH-VD) qui canalise dès l'Antiquité une grande partie des circulations à travers le massif jurassien puis plus tard durant la période médiévale, voit le passage monastique médiéval menant de Dijon à Agaune. Situé sur l'un des axes majeurs de franchissement du massif jurassien, cette disposition facilite l'installation d'un péage qui dès le XVe siècle capte plusieurs trafics commerciaux : celui du sel de Salins à la Suisse, celui du fer et de la mercerie en provenance d'Allemagne et enfin celui des produits venus du Sud. Loin d'être un cas unique, le château de Joux s'intègre durant la période médiévale au sein d'un ensemble de places fortes, telles que Pontarlier, Jougne ou bien encore Les Clées (CH-VD), toutes destinées à contrôler cette voie de passage. Après la fin de la période médiévale, le rôle militaire du château de Joux subsiste, ce dernier assurant alors dans ce contexte de passage « transfrontalier », le contrôle de la frontière comtoise puis française. Malgré une topographie contraignante, Joux connait une multitude de remaniements architecturaux liés d'abord aux évolutions d'une résidence seigneuriale fortifiées (XIe-XVIIe s.), puis aux développements successifs de l'artillerie et de l'architecture militaire (XVe-XIXe s.). Les recherches historiques disponibles portent principalement sur la seigneurie, alors que le château lui-même est dépourvu de toute étude archéologique et architecturale, à l'exception de deux sondages anciens. La datation des constructions n'a été envisagée que dans une monographie de 1987, qui reste superficielle sur ce point et détaille surtout les phases postérieures à la seconde moitié du XVe siècle. Ce phasage global ne s'appuie que sur des archives partiellement exploitées et ne fait pas intervenir les connaissances architecturales actuelles. Ainsi, la plupart des phases de construction observables sur les bâtiments médiévaux et modernes du château restent à ce jour mal caractérisées et mal datées. Si le lignage des seigneurs de Joux est souvent cité dans les archives durant les XIe-XIIIe siècles, le château n'est mentionné que ponctuellement et sa morphologie reste inconnue pour cette période. La persistance d'éléments architecturaux de cette époque est très probable dans la partie haute du château (1ere et 2e enceinte) mais n'a fait l'objet d'aucune description. Au cours du XIVe-XVe siècles, le château change de possesseurs puis passe aux ducs-comtes de Bourgogne en 1454. Philippe le Bon en fait alors un point de contrôle de l'accès au Comté. Les trois premières enceintes semblent alors subir d'importantes modifications (Tour Grammont, Tour Mirabeau) là encore très peu documentées. De la fin du XVe au XVIIe siècle, le château reste dans le domaine des Habsbourg : de nombreux documents de comptabilité et de gestion décrivent le site mais leur dépouillement reste à effectuer. Les réaménagements effectués au cours de ces deux siècles sont mieux cernés mais n'ont fait l'objet d'aucune étude globale. Devenu une forteresse de premier plan dès le milieu du XVIe siècle, le château affirme son rôle de défense de la frontière et accueille une importante garnison, de la fin du XVIIe au début du XXe. De Vauban à Joffre, les ingénieurs militaires ajoutent de nombreuses constructions pour adapter le site aux développements successifs de l'artillerie et de la poliorcétique. Cette dernière phase d'aménagement est actuellement la mieux connue : l'observation des maçonneries montre toutefois l'enchaînement de phases de travaux successifs encore non caractérisées. De plus les abondantes archives militaires disponibles pour cette époque, comportant de nombreux plans et comptes-rendus de visites, ont été encore peu explorées. L'exploitation des relevés LIDAR récemment réalisés montre enfin la présence de nombreuses structures inédites, à vocation militaire ou non, aux environs du château sur les plateaux de la Rochette et du Gérot. Leur étude pourrait permettre de comprendre les systèmes défensifs avancés mais peut-être également, de mettre en évidence une possible implantation liée au développement d'un bourg médiéval. Les multiples adaptations architecturales successives intervenues au sein du château de Joux lui confèrent un grand intérêt historique et archéologique, d'une part pour l'histoire de la Franche-Comté et du massif jurassien, d'autre part pour comprendre l'évolution des fortifications de montagne de la période médiévale à nos jours. Ce site majeur mériterait donc aujourd'hui la mise en place d'une étude archéologique bénéficiant de l'essor actuel de l'archéologie du bâti et des nouvelles technologies utilisées par cette discipline (photogrammétrie, SIG, modélisations et restitutions 3D). À proximité de Joux, une étude similaire a été menée récemment sur le site de Jougne et a permis d'amener de nombreuses informations sur des fortifications réaménagées à plusieurs reprises du XIIIe au XVIIIe siècle (Metral, 2019). De manière plus large, l'histoire du fort de Joux doit en effet être mise en parallèle avec celles des nombreuses fortifications voisines médiévale, mais aussi les forts contemporains du Larmont et de Saint-Antoine, également peu documentés. Cette étude inédite d'un ensemble de forteresses liées à une même voie de passage transjurassienne apporterait un regard nouveau sur l'histoire économique et militaire de cette région frontalière. Enfin, alors que la muséographie du site est en cours de renouvellement, on ne peut que regretter l'absence d'une étude récente du château permettant la nécessaire réévaluation de données actuellement lacunaires, parfois approximatives ou remises en cause par les avancées de la recherche. Dans ce contexte, une analyse chronologique détaillée des constructions associées à la production de nouvelles restitutions et documents iconographiques est donc très profitable à la mise en valeur des fortifications et de leur environnement.