l'hypertriglycéridémie postprandiale favorise la satiété via l'activation de l'inflammasome des cellules microgliales
Auteur / Autrice : | Juliette Salvi |
Direction : | Alexandre Benani, Doriane Trompier |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Physiologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2020 |
Etablissement(s) : | Bourgogne Franche-Comté |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Environnements, Santé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CSGA - Centre des Sciences du Gout et de l'Alimentation |
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....) |
Mots clés
Résumé
Contexte. La consommation régulière d'aliments riches en graisses induit une réponse inflammatoire systémique et favorise les troubles métaboliques comme l'obésité. Des études récentes ont montré que cette réponse inflammatoire se produit aussi dans le cerveau et qu'elle est détectée à l'échelle du repas. Cependant, la valeur physiologique de la réponse inflammatoire postprandiale (PIR) dans le cerveau est totalement inconnue. Objectifs. Ils consistaient à caractériser la PIR dans l'hypothalamus, une structure cérébrale sensible aux signaux métaboliques postprandiaux et qui coordonne les réponses physiologiques pour maintenir l'homéostasie énergétique, et explorer les conséquences de la PIR. Le modèle souris était adapté à la physiologie intégrée et à l'utilisation d'approches multidisciplinaires (analyses moléculaires, comportementales, neuroanatomiques) combinées à des approches génétique et pharmacologique ciblées. Résultats. En utilisant l'immunomarquage, la reconstruction 3D et l'analyse morphométrique, nous avons démontré que les microglies, cellules immunitaires résidentes du cerveau, changent de forme rapidement après un repas. Cette réponse postprandiale aiguë se développe avec un repas gras uniquement (3h-HFD). La réactivité des microglies se traduit par une augmentation de la longueur des ramifications, du nombre d'embranchement et de la complexité des cellules. L'hypertriglycéridémie postprandiale est suffisante pour induire l'hyper-ramification microgliale. La réactivité microgliale est réversible, régiosélective et n'apparaît que chez les mâles. Elle ne s'accompagne pas d'un changement du nombre de cellules microgliales, ni d'une infiltration de cellules immunitaires périphériques dans l'hypothalamus, ce qui suggère une absence de gliose. Par ailleurs, le tri cellulaire des microglies hypothalamiques révèle une augmentation spécifique de l'expression relative d'IL-1β dans ces cellules, suggérant qu'un repas gras implique une réponse inflammatoire microgliale aiguë. La réponse microgliale postprandiale dépendante du HFD ne se produit pas chez les souris génétiquement obèses. Pour mieux comprendre le rôle des microglies dans la PIR, nous avons généré un nouveau modèle de souris transgénique appelé AscMgKO dans lequel le gène Asc, un composant essentiel de l'inflammasome intracellulaire, est spécifiquement supprimé dans les microglies. Les souris AscMgKO ne présentent pas de déficiences de croissance, métabolique ou immunitaire. La réponse morphologique postprandiale dépendante du HFD des microglies ne se produit pas chez les souris AscMgKO après un repas gras, ce qui suggère un couplage entre la morphologie et la fonction des cellules. De plus, les souris AscMgKO mangent normalement sous régime équilibré, mais elles deviennent hyperphagiques sous un régime riche en graisses. Elles présentent également une avidité pour les graisses dans les paradigmes de double choix alimentaire et de gustométrie. Cela suggère que la réponse inflammatoire microgliale postprandiale a une action positive, stimulant la satiété. Le comportement alimentaire aberrant observé chez les souris AscMgKO n'est pas présent chez les femelles, indiquant un dimorphisme sexuel dans cette réponse physiologique. Pour réévaluer la fonction d'ASC microglial, nous avons effectué une approche alternative par perte de fonction basée sur l'inhibition pharmacologique de l'inflammasome. L'administration systémique et centrale de MCC950 révèle que l'inhibition pharmacologique de l'inflammasome altère la réponse alimentaire homéostatique sous régime gras, rendant les souris intolérantes aux graisses alimentaires. Conclusion. Ainsi, la PIR apparaît dans l'hypothalamus après un repas gras. Elle est caractérisée par la réactivité et potentiellement le phénotype proinflammatoire des microglies de souris mâles. La PIR cérébrale est un mécanisme plastique qui a une valeur physiologique adaptative, limitant la prise alimentaire sous pression calorique à court terme.