« Une fleur ne fait pas le printemps. Pour une vie heureuse, il faut beaucoup d'enfants » Politiques reproductives, inégalités sociales et stratégies des femmes en Iran (2000-2022)
Auteur / Autrice : | Rosanna Sestito |
Direction : | Carole Brugeilles, Lucia Direnberger |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Inscription en doctorat le 24/09/2020 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre national de la recherche scientifique (France). Groupement de recherche (7217) |
Mots clés
Résumé
Cette thèse propose une analyse sociologique des transformations des politiques reproductives au sein de la République islamique d'Iran entre 2000 et 2022. Dans un contexte marqué par des politiques natalistes, les femmes sont au cur d'une dynamique de gouvernementalité du biopouvoir. Des normes procréatives leur sont imposées, souvent légitimées par un discours paternaliste invoquant le développement de la nation ou le bien-être supposé des femmes. Cet encadrement se traduit notamment par des pratiques coercitives et violentes, destinées à discipliner leurs corps et réprimer leurs résistances. Ce processus tend à les confiner à la sphère domestique et à leur rôle reproductif. Les politiques reproductives n'encadrent pas le corps des femmes de la même manière en fonction de leur classe sociale et de leur appartenance ethno-raciale. S'appuyant sur une enquête ethnographique, des observations participantes et des entretiens semi-directifs, cette recherche analyse les rapports de pouvoir et leurs imbrications. Elle met en évidence comment le personnel médical participe à la construction et à la transmission des normes façonnant les pratiques reproductives jugées socialement acceptables. Ces obstacles structurels entravent fortement l'accès effectif de ces femmes aux droits reproductifs. À l'intersection de multiples rapports de pouvoir, cette situation met en lumière les inégalités sociales auxquelles elles sont confrontées dans le cadre des politiques reproductives. Dans ce contexte, certaines femmes mobilisent leur état de grossesse de manière stratégique pour négocier les rapports de domination auxquels elles sont soumises. La recherche révèle les processus d'altérisation ethno-raciale et les rapports de classe à l'uvre dans les pratiques des professionnel.le.s de santé. Elle analyse également les pratiques de résistance développées par ces femmes, tant au sein des institutions sanitaires que dans leurs réseaux de sociabilités en dehors des institutions.