« Diex ! Ques chevaus amainent et ques destriers de pris ! » Enjeux et dynamiques économiques, politiques et culturels de l'élevage et des échanges d'équidés en Méditerranée (Xe-XVe siècles).

« Diex ! Ques chevaus amainent et ques destriers de pris ! » Economic, political, and cultural issues and dynamics of equid breeding and trade in the Mediterranean (10th-15th centuries).

• Auteur / Autrice : Clothilde Noé
• Direction : François-Olivier Touati
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire
• Date : Inscription en doctorat le 24/09/2020
• Etablissement(s) : Tours
• Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de la Société : Territoires, Economie, Droit - SSTED
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CItés, TERritoires, Environnement et Sociétés
• Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : EMAM - Monde Arabe et Méditerranée

Mots clés

Mots clés libres

Équidés

Commerce

Cheval

Moyen Âge

Élevage

Mule

Equids

Trade

Horse

Middle Ages

Breeding

Mule

Résumé

Le terme « équidés » désigne au Moyen Âge les chevaux, les ânes et les mules, animaux souvent apparentés dans les sources documentaires, et dont les qualificatifs reflètent une utilisation précise et non une « race » : on évoque par exemple le « destrier » comme cheval de combat, ou encore le « sommier », cheval ou âne utilisé pour porter des charges. La production et le commerce du cheval utilisé comme moyen de transport et comme force de traction, aspects essentiels aux sociétés avant l'invention de l'énergie à vapeur et de l'automobile, restent relativement inédits tandis que l'art et les jeux équestres, ainsi que le cheval de bataille, ont jusqu'à présent retenu l'attention. Le premier à en dresser les perspectives que nous souhaitons emprunter a été Robert Fossier, « L'élevage médiéval : bilan et problèmes », 1997. Les historiens se sont seulement intéressés à l'élevage équin dans un cadre géographique limité (comme l'élevage du cheval en Bourgogne). Or un roi comme Charles VI (1368-1422) possédait des coursiers de Bohême, des haquenées d'Angleterre, des destriers d'Allemagne, mais aussi des coursiers de Lombardie, de Pouille, de Barbarie (côtes méditerranéennes) ou encore de Syrie… Le grand chroniqueur arabe Ibn Khaldûn (1332-1406) relate, parmi ses importantes missions, la livraison de chevaux de prix à Pierre Ier de Castille (1334-1369) et celle de chevaux des royaumes du Maghreb au sultan d'Égypte. Il s'agira donc de mieux identifier les différentes zones d'élevage d'équidés sur le pourtour méditerranéen, les types recherchés dans leurs aspects quantitatifs et qualitatifs (techniques, sélection, volumes et prix), leurs usages différenciés, de cerner les réseaux d'approvisionnement à différentes échelles, les lieux et formes d'échange et d'identifier leurs acteurs (éleveurs, maquignons, transporteurs, clients, etc.). Mettre en lumière les politiques menées par les souverains visant à contrôler ces échanges (licences, taxes, interdictions, transgressions) en fonction des stratégies et des conflits (tels que les croisades ou la Reconquista) fait également ressortir l'importance centrale de ce sujet dans l'histoire globale (mondiale) des relations entre Orient et Occident, entre latins, arabes et byzantins (Anatolie seldjoukide) : de l'agriculture à la diplomatie, de la guerre et de l'économie à l'approche culturelle multiforme des relations homme-animal. Le travail s'appuiera sur la pluralité des types documentaires utilisables : registres de comptes, actes de la pratique, sources normatives et diplomatiques, contrats, traités commerciaux, d'agriculture et d'hippologie, récits d'historiens, de géographes et de voyageurs médiévaux, entre autres. Dans cette optique, la relecture de grandes séries de sources éditées et correspondant aux grandes aires culturelles concernées propose déjà d'esquisser un très riche panorama que le recours aux manuscrits inédits touchant certaines aires majeures identifiées permettra d'approfondir.

In the Middle Ages, the term 'equidae' refers to horses, donkeys and mules, often related animals in documentary sources, whose qualifiers reflect a specific use and not a 'breed': for example, the 'steed' is referred to as a fighting horse, or the “box spring”, horse or donkey used to carry loads. The production and trade of the horse used as a means of transport and as a force of traction, essential aspects to societies before the invention of steam energy and the automobile, remain relatively new while the art and the equestrian games, as well as the battle horse, have so far attracted attention. The first to outline the perspectives we wish to take on was Robert Fossier, « L'élevage médiéval : bilan et problèmes »,1997. Historians have only been interested in equine breeding in a limited geographical setting (such as horse breeding in Burgundy). But a king like Charles VI (1368-1422) possessed couriers from Bohemia, haquenés from England, destriers from Germany, but also couriers from Lombardy, Apulia, Barbaria (Mediterranean coasts) or Syria The great Arab historian Ibn Khaldûn (1332-1406) relates, among his important missions, the delivery of prize horses to Peter I of Castile (1334-1369) and that of horses from the Maghreb kingdoms to the sultan of Egypt. It will therefore be necessary to better identify the different equine breeding areas around the Mediterranean, the types sought in their quantitative aspects and qualitative aspects (techniques, selection, volumes and prices), their differentiated uses, to identify the supply networks at different scales, the places and forms of exchange and to identify their players (breeders, breeders, transporters, customers, etc.). Highlight the policies pursued by sovereigns to control these exchanges (licenses, taxes, prohibitions, transgressions) according to strategies and conflicts (such as the Crusades or the Reconquista) also highlights the central importance of this subject in the global (world) history of relations between East and West, between Latin, Arab and Byzantine (Seljuq Anatolia): from agriculture to diplomacy, from war and the economy to the multifaceted cultural approach to human-animal relations. The work will be based on the plurality of usable documentary types: registers of accounts, acts of practice, normative and diplomatic sources, contracts, commercial treaties, agriculture and hippology, histories of historians, geographers and medieval travellers, among others. In this perspective, the rereading of large series of published sources corresponding to the major cultural areas concerned already proposes to outline a very rich panorama that the use of unpublished manuscripts affecting certain major areas identified will make it possible to search.